Je suis rouge, non pas de honte, non d'avoir trop couru. Mon Dieu, quel bazar, les beaux jours de révolution sociale, d'éternelles grèves et blocages par les syndicats défaillants et non-représentatifs des Français, et moi au milieu du bazar, bloqué !
Bloqué certes, mais avec dans mon esprit, la lieu à atteindre, ce rendez-vous que l'on ne veut rater, ce désir qui me hante depuis le matin, une envie persistante, en gras dans mon agenda virtuel, mon but de cette journée. Je ne peux être en retard.
Elle m'attend, là-haut dans la soupente d'un immeuble parisien, éclairée d'une simple lucarne sur le toit de zinc, si parisien dans l'atmosphère, si romantique, sauf pour monter les sept étages sans ascenseur. Elle attend pour un cliché photo.
J'arrive enfin, le code ? oui, deux départements de soie, le 69 pour le Rhône et ses soieries, le 30 pour le Gard et ses filatures. Bonjour, je bouscule une personne, je m'efface au fond de la courette, entre pot de fleurs et nombreuses poubelles pour un sain développement durable (saud celui de la beauté des courettes). Je voi la seconde cage d'escalier, je monte, deux à deux. Je suis rouge !
Je frappe, elle ouvre, sourit ! Et elle se pose.
Rouge comme ma honte de ce retard sans excuse,
Rouge comme ses talons fins,
Rouge comme les bretelles de son balconnet,
Rouge comme le voile sur ses fesses,
Rouge face à tant de beauté, inconnue !
"Si ces bas ne vous conviennent pas, j'ai aussi des bas avec une couture rouge ?"
Confus et encore un peu rouge, je réponds
"Non, les zigzags honorent vos jambes."
Nylonement