Une rencontre , un hasard !
Me voilà dans un restaurant où je n'aurai jamais dû être, mais au gré de l'essence, de mes déplacements laborieux en train (les rares trains mais en retard), j'ai faim. Un besoin basique, voire primaire.
Une jolie carte de brasserie, du personnel souriant, une grande bouteille de San Pellegrino et un décor classique avec des banquettes rouges moelleuses, ni trop chargé, ni trop sobre.
Un menu et une serveuse aimable. Souriante oui, mais pourtant elle a quelque chose de différent, elle a réussi à conserver un maquillage gothique, ongles vernis noirs impeccables, du fard noir autour des yeux, des cheveux soignés mais avec une coupe raide asymétrique. Les seniors risquent d'être apeurés par cette créature, mais son rayonnement est poli et même lumineux dans son chemisier blanc, mais avec une coupe cintrée, avec un jeu de ruban blanc dans le dos, style corset. Très élégante, avec une jupe noire, et un collant noir.
Pas anodin, des ballerines noires (oui les big shoes à plate-forme seraient excessives pour son confort de travail, et pour les certains clients rigoristes), sur un voile noir à motifs géométriques, semi-opaque. Une beauté graphique entre motifs cachemire et lignes droites, cela agrandit ses jambes, cela reste moderne, voire très tendance, et cela doit être incroyablement sympathique avec une robe longe gothique en dentelle et résille. Oui, en la regardant, j'imagine Serveuse Jekyll et Jeune femme Hyde.
Elle a une voix très douce, et son regard vers mon costume-cravate doit la faire sourire intéreurement. Je commande, et comme la salle est calme, je me permet de décrypter sa tenue, elle attend l'appel de la cuisine, elle tourne et agence les tables. Et oh surprise, une serviette qui tombe, elle porte des bas.
Sa féminité est toujours plus marquée, et je pense à la variété des regards, des visions et surtout des jugements. L'habit ne fait pas le moine, encore moi la nonne. Alors si vous rajoutez une touche de punk, de gothique ou de "branchitude", vous forcez les limites héritées par beaucoup de gens.
Mais moi, j'aime cette authenticité, qui ne gène aucunement son travail, et lui donne une vérité sur ses choix de féminité. J'applaudie intérieurement.
NYLONEMENT