Changer, fermer les yeux et voir le monde autour de moi autrement.
Oublier.
Une journée.
Rouvrir les yeux, passer devant cette vitrine, voir un reflet, une blonde, une personne qui se penche vers la vitre, inspecte, découvre son visage, sa nouvelle coiffure. Finie les cheveux tirés, stricts, auburns, je les voulais libres, comme moi.
Une semaine.
Assez pour comprendre que la tête dans le miroir, c'est moi, ma nouvelle définition, un peu de moi en version plus actuelle. Je suis blonde, je me vois différemment mais les autres aussi. Mes collègues, celles qui ne tarissent pas d'éloges envers cette nouveauté, ce saut dans le vide, cette nouvelle personnalité, même une nouvelle personne. Oui c'est ainsi que le responsable régional, habitué aux allers et venues des commerciaux, a cru que j'étais nouvelle. Trois ans ici, et enfin une existence. D'ailleurs certains regards changent, semblent plus présents, plus insistants et pourtant mes jupes sont toujours aussi longues.
Un mois.
Première visite chez mes parents, les yeux de ma mère, fausse blonde depuis vingt, voire trente ans, interloquée en me voyant. Heureuse, émue même, et mon père avec un simple compliment, des bises comme à chacun de mes retours, rien de plus. Il semble habitué, certes avec quatre filles et deux belles-filles, il en voit de toutes les couleurs, de toutes les longueurs. Blasé, non, discret mais avec un avis, qu'il faudra lui extirper après le dessert, quand l'estomac endort sa protection de père, de mâle, sa vigilance silencieuse. Mes soeurs ont adoré, en même temps, je dois être la dernière a avoir changé en blonde. Celle qui est restée trop longtemps avec les mêmes habitudes et le même copain. Mais je viens de le mettre dehors, de rayer son nom et prénom de ma liste de souvenirs.
Un trimestre.
Un semestre.
Un an déjà. Je ne me vois plus qu'en blonde, assez pour avoir changer aussi un peu de garde-robe, plus détendue, plus glamour aussi pour certaines sorties. Sérénité retrouvée, loin de la routine avec le même copain, des aventures depuis, sans suite, mais un nouvel univers. Des nouvelles photos de moi dans les soirées, une promotion car plus investie, plus disponible, une nouvelle vie s'offre à moi, simplement. Mes cheveux sont comme moi, libres, je vais les couper plus courts, en éliminer dix bons centimètres pour rajeunir le tout. J'essayerai peut-être un blond plus sobre, avant l'été où ils risquent de virer au blond platine. Je me vois, je m'aime ainsi. J'ai toujours été cette jeune femme, et je souris en retrouvant des photos, de moi, de lui, de nous, de moi surtout, différente. Juste la coiffure, non, une grisaille, une ritournelle pesante, maintenant disparue.
Nylonement
texte publié sur le blog
www.absolue-feminite.blogspot.fr
Mots & Emotions
Changer, fermer les yeux et voir le monde autour de moi autrement.
Oublier.
Une journée.
Rouvrir les yeux, passer devant cette vitrine, voir un reflet, une blonde, une personne qui se penche vers la vitre, inspecte, découvre son visage, sa nouvelle coiffure. Finie les cheveux tirés, stricts, auburns, je les voulais libres, comme moi.
Une semaine.
Assez pour comprendre que la tête dans le miroir, c'est moi, ma nouvelle définition, un peu de moi en version plus actuelle. Je suis blonde, je me vois différemment mais les autres aussi. Mes collègues, celles qui ne tarissent pas d'éloges envers cette nouveauté, ce saut dans le vide, cette nouvelle personnalité, même une nouvelle personne. Oui c'est ainsi que le responsable régional, habitué aux allers et venues des commerciaux, a cru que j'étais nouvelle. Trois ans ici, et enfin une existence. D'ailleurs certains regards changent, semblent plus présents, plus insistants et pourtant mes jupes sont toujours aussi longues.
Un mois.
Première visite chez mes parents, les yeux de ma mère, fausse blonde depuis vingt, voire trente ans, interloquée en me voyant. Heureuse, émue même, et mon père avec un simple compliment, des bises comme à chacun de mes retours, rien de plus. Il semble habitué, certes avec quatre filles et deux belles-filles, il en voit de toutes les couleurs, de toutes les longueurs. Blasé, non, discret mais avec un avis, qu'il faudra lui extirper après le dessert, quand l'estomac endort sa protection de père, de mâle, sa vigilance silencieuse. Mes soeurs ont adoré, en même temps, je dois être la dernière a avoir changé en blonde. Celle qui est restée trop longtemps avec les mêmes habitudes et le même copain. Mais je viens de le mettre dehors, de rayer son nom et prénom de ma liste de souvenirs.
Un trimestre.
Un semestre.
Un an déjà. Je ne me vois plus qu'en blonde, assez pour avoir changer aussi un peu de garde-robe, plus détendue, plus glamour aussi pour certaines sorties. Sérénité retrouvée, loin de la routine avec le même copain, des aventures depuis, sans suite, mais un nouvel univers. Des nouvelles photos de moi dans les soirées, une promotion car plus investie, plus disponible, une nouvelle vie s'offre à moi, simplement. Mes cheveux sont comme moi, libres, je vais les couper plus courts, en éliminer dix bons centimètres pour rajeunir le tout. J'essayerai peut-être un blond plus sobre, avant l'été où ils risquent de virer au blond platine. Je me vois, je m'aime ainsi. J'ai toujours été cette jeune femme, et je souris en retrouvant des photos, de moi, de lui, de nous, de moi surtout, différente. Juste la coiffure, non, une grisaille, une ritournelle pesante, maintenant disparue.
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