Retenir son souffle, regarder devant et pourtant douter de tout.
Années après années, j'ai grandi mais ma timidité a toujours été un handicap, une part floue de moi. Pourtant j'ai travaillé le sujet, couchée sur un divan, assise pour des exercices avec un coach, avec un autre psy, une spécialiste en reconstruction d'image et même un hpynotiseur. En plus des étapes précédentes avec ou sans résultats, les progrès sont venus d'ailleurs. D'une opération d'implants mammaires, une autre forme de voir mon corps changer, d'êre un peu une autre, avec des regards positifs sur ma poitrine, sur mon corps plus conquérant de femme, sur ma mode changée, avec ce nouveau poste en province, une nouvelle vie. Un nouveau départ, avec dans le couloir de cette course contre moi-même, une autre personne, un homme, lui, son regard, ses mains, ses lèvres.
Je l'ai découvert, comme il m'a trouvé, accepté, prise comme j'étais. Sans jugement, juste aec un amour fou dans les yeux, épris malgré sa situation précaire, sa fragilité si personnelle, il m'a donné des sentiments, serrant plus fort mon corps, mon âme auprès de lui. Une fusion, une force, une complicité si forte que j'ai oublié mes doutes, cette maladie intérieure. Sauf en recoisant ma famille, leurs réflexions, des électrochocs négatifs, car si j'amplifiais mon mal-être, jamais ils n'ont compris que j'avais besoin d'eux, d'un pilier fort pour rebondir. C'était un défaut, une banalité, un poids, même une fatalité répétée si souvent pour tout justifier. Mais lui s'est levé, ne comprenant pas cela, refusant ce dogme stupide, cette routine blessante. Nous sommes partis, il a crié des mots durs, leur silence est resté là, leurs regards perdus avec.
Aujourd'hui, nous sommes toujours heureux, je suis moi, parfois faible mais toujours avec ses bras ouverts, son coeur battant, nos deux enfants aussi souriants que le bonheur incarné par notre famille. L'été passe, le soleil s'impose encore, je regarde derrière moi, comme une nouvelle étape, comme une qualité nouvelle. Il sourit derrière son livre, me caresse la main, me regarde sans me faire douter. Parfois, joueur et aimant, il commence la longue liste de mes défauts, jamais celui-ci, mais d'autres bien réels, qu'il aime, qu'il assume lui aussi, qu'il contourne souvent, qu'il invente pour me faire rire. Jamais il ne finit, la liste est soit-disant trop longue, surtout ne me laisse le temps de douter des possibles propos des autres sur moi, de ces images fausses ou vraies, impossibles à connaître mais obsédantes sur moi. Finalement je ris, je vis, je regarde derrière, les enfants jouent avec une balle. Rien de plus, des passants, des yeux, des gens, nous, moi. J'en oublie toutes les voix qui me parlaient si souvent.
Juste ses mots d'amour, comme un courant d'air, lâchés au-dessus de son livre. Innocemment, comme par jeu, des lettres échappées, des émotions vers moi.
Nylonement