Le silence est parfois plus sage que les paroles.
Voici des jours, des semaines, des mois déjà que je ne pose plus des mots ici, sans savoir réellement pourquoi, tout en pensant à ces milliers de pages écrites depuis plus de dix ans. Cette année ne pourra pas être une belle année, trop de tourbillons intenses laissant des traces derrière eux, encore aujourd'hui, trop de trop, trop d'excès et d'irrespect pour me permettre de croire en la bonté humaine. Et pourtant je croyais en eux, en ces gens, ces personnes, ces humains si heureux de vivre ensemble. C'était une erreur !
Alors je suis parti, loin, loin de tout, prenant des chemins communs puis anodins, revenant sur mes pas pour essayer d'autres détours, d'autres venelles plus sombres, cachées des regards des autres. Pour y pleurer tranquillement sans gêner personne. Simplement passant parmi d'autres passants en ressortant plus loin dans la lumière, dans les grandes avenues, ne cherchant pas vraiment de direction, juste un peu de sens. Mais étrangement plus rien, presque plus rien ne m'attirait, ne me donnait un début d'émotion positive. Rien pour m'éblouir, moi le contemplatif habitué à savourer des instants immobiles, je n'ai plus trouver de recoins pour voir la vie passée avec cette folie douce, si facile à capter avant. Les humains prenaient d'autres chemins, s'espaçaient pour ne plus se croiser, pour cesser d'exister comme un groupe d'amis ou de collègues. Plus de contacts, juste des êtres génériques, des masques qui ne donnent plus de vie à leurs visages, et finalement anonymisent même leurs regards. Perdu volontairement, dans cette espace vide, sur ce chemin sage, loin des autres, je n'ai pas aimé cette solitude obligatoire, je n'étais plus moi-même. Mon sac à dos, plein de mots, de voyelles et de consonnes semblait perdre son poids, une fuite silencieuse dans ces semaines d'inexistence.
Une aspiration, la bouche grande ouverte, face au vent, face à la mer, sans émotions intérieures, comme oubliées dans une chambre froide, j'ai inspiré encore plus fort. Espérant revoir des souvenirs, des instants avec eux, avec elle, avec vous. Rien comme une abstraction complète, une perte de mémoire au robinet de vidange ouvert en grand. Je me suis assis là, face à ce bleu gris qui parfois avec le soleil devenait opale, j'ai pris le temps de ne rien faire, mais aussi de ne plus penser à ces derniers mois, cherchant encore un point de repère, une ligne d'horizons ou deux verticales en mouvement. Un début de douceurs, cette clef vers des souvenirs nourris de plaisirs pour les cinq sens, je voulais revivre tout cela. Juste une fois.
Tout en douceur, en lâchant prise. Je me suis endormi enfin.
Nylonement