Encore quelques jours, une courte semaine pour finir ce mois d'août studieux comme le mois de juillet. Une nouveauté après les études, les examens et bien heureusement les diplômes, j'ai enchainé avec deux mois d'un job d'été. Pas en rapport avec mes études de droits mais comme la nature m'a donné des longues jambes, j'ai pu devenir hôtesse d'accueil pour une société industrielle.
Deux mois à venir chaque jour en petite robe noire, soit personnelle, soit fournie parmi différents modèles, avec un voile fin sur les jambes, des talons mais surtout un sourire éclatant en toute circonstance. Je peux comprendre que certaines de mes collègues qui sont ici à plein temps, s'usent de faire le pot de fleurs dans la salle d'accueil pour délivrer des badges à des cadres ou des clients qui les regardent à peine, qui oublient surtout la politesse élémentaire. Alors parfois je me lève pour montrer que nous sommes là non pas sous forme de femme-tronc mais dans une hauteur qui parfois les dépasse. Un amusement pour les stopper, pour leur rappeler les bons usages, pour couper les conversations sans fin au téléphone portable. Un sourire, un silence, des bonjours, la suite n'est que répétition toute au long de la journée, de la semaine, de ces deux mois fort longs.
Il faudra rajouter les livreurs apparemment au sex-appeal sur-développé, dans un rut permanent du matin au soir. Le scooter doit exciter les neurones à défaut d'écraser leur cerveau sur la selle ou sous le casque. Un autre jeu de politesse convenue, avec parfois des petits rappels sur la définition de certains mots, et là encore des articles de loi sur le harcèlement verbal. Ils repartent plus vite et quand ils reviennent avec un autre colis, le discours est plus calme, les yeux plus près du sol. Mais certains irréductibles mériteraient un coup de fil à leur patron. Les journées passent, les papotages nous occupent, mais là je n'attend plus qu'une chose, mon salaire et dix jours de vacances sur la plage. Sans rien, presque rien, juste une robe blanche légère loin de ce tailleur noir si élégant mais trop près du corps. J'ai envie de liberté et de soleil. D'un souffle de vent sur ma peau.
Nylonement