La foule, les gens, et son lot d'excités, de parisiens pressés par je ne sais quoi, mais dans une urgence apparemment vitale. Les mêmes qui marchent vite, poussent, refusent d'attendre, mangent debout, mâchent peu, avalent en vitesse, digèrent mal et finissent toujours leurs journées en courant encore, peut-être pour aller au plus vite chez le psy. Pour parler de stress sasn doute, cause ou conséquence ?
La foule avec son flux et son relfux, un océan en mouvement, des vagues douces, des courants forts, avec des têtes, des chapeaux, des turbans aussi, des cheveux et quelques absents plus chauves, des casques et des capuches pour la partie haute. J'ai pris place sur un banc dans l'attente d'un collègue, vers un rendez-vous professionnel, je pose mon regard sur la partie basse. au niveau du sol, vers le macadam usé par les milliers de pas.
Le flot des jambes, deux fois plus nombreux que les têtes, des chaussures, de tous types, des bottines, des baskets blanches ou de couleurs vives, tendances du moment ou vintage volontairement, des bottes, parfois aussi des sandales plates, des ballerines, des tongs même en ce jour d'hiver. Incroyable diversité ! Des talons, pas beaucoup, de petites tailles, juste trois paires d'ecarpins perchés au-delà du chiffre 13, je suis l'écume, le remplissage et son désemplissage sur le large quai. Une pause, une accumulation, deux sonneries, un train, une vague aller et une suivante pour le retour, Chacune emporte ses occupants, vers leurs activités essentielles. Parfois un rocher apparaît créant des vaguelettes, des contournements imprévus, pour oublier cet îlot temporaire de touristes perdus.
Le temps passe, la foule est toujours là, créature chaotique dans son volume et sa répartition toute particulière dans l'espace. Etrange concentration à droite, pas à gauche pour la même destination. Un monde moderne, avec de nouvelles frontières, une évolution sans nature, dans les souterrains de la ville, avec pour seule couleur, le noir. Quelques nuances de gris, de saleté, de pollution stagnante.
La foule, deux jambes, une paire de bottines en nubuc noir, mon regard caresse telle une main la matière douce, six centimètres d'un talon carré, un collant noir. Un caban noir ponctuée d'une large ceinture de cuir, son sac à main, elle attend dans une posture bien droite, la musique dans les oreilles, avec ce casque design, si chic en imitation cuir et chrome. Dynamique, le dos tourné vers moi, ses cheveux aux reflets roux s'envolent au passage du dernier wagon. Elle patiente pour une autre destination. Une belle énergie émane de son allure. Des gants pour fouiller dans son sac à main, changer la play-list dans sa tête. De beaux mollets, des cuisses fuselées, une douce courbe que je suis depuis les bottines, avec des attaches fines de ses chevilles, vers ses genoux, jusqu'au manteau court. Une silhouette noire et rousse sous les néons de ce sous-sol, elle bouge mais une question me vient.
Je ne vois que son dos, sa mode sobre, ses gants en cuir noir, ses gestes, son collant opaue , sculptant ses jambes, absorbant les possibles imperfections, gommant en opacifiant sa peau pour ne plus voir que le noir absolu, variant de reflets.
Quel âge a-t-elle ?
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Nylonement