Devant un thé, avec un regard sur les premiers bourgeons du prochain printemps, je m'alimente de ce soleil chaud, de ses rayons un peu oubliés durant l'hiver. Une vitre pour couper le souffle de vent qui rappelerait le froid, assez de verdure dehors pour me croire dans ce jardin.
Pas de bruit, pas de nuisances, j'ai choisi d'être ici pour ce bonheur naturel, pas pour un idéal écologique, simplement une médication logique. Mon coeur et mon âme ne supportaient plus de courir sur un parterre moderne de dalles de bétons, dans des escalators trop exigus, derrière des trains, des bus. J'ai décidé d'oublier, non par luxe, le métro et ses instants fabuleux où l'on peut entasser plus de personnes que de sardines dans une boite. Je suis resté là contemplatif, derrière un clavier, discret mais pas distant de vous.
Récemment pourtant j'ai partagé mon existence avec quelques personnes, je suis sorti, dans les faveurs de la fin de journées, pour un atelier, pour accessoire de mode, pour une soirée entre amis. Là loin de la foule mais dans un lieu fréquenté, avec bar et musique, j'ai pu reprendre ma place de chat, ouvrant mes yeux, ronronnant sur l'épaule de ma compagne, embrassant ses cheveux, caressant sa silhouette. Là j'ai croisé des personnes qui ne connaissait que mon ombre, avec un sourire, quelques mots, le plaisir de se rencontrer en se connaissant déjà, avec le plaisir de devenir un être de chair et d'émotions.
Mais aujourd'hui j'aime revenir à mon espace, à mon thé, entre les écrans et les messages, entre les rapports et les images, scrutant la mode, décryptant les tendances et les nouveautés des marques. Et sur un coin de bureau, une pile de magazines, des mots et des images encore, un labyrinthe où j'aime me perdre, qui me protège peut-être.
Le parfum de bergamote, un jus de pamplemousse, je suis bien pour continuer à parler de vous, de vos libertés, de mode et de féminités.
Nylonement