Douce sensation en ouvrant mes yeux, sa chaleur près de moi, sous des draps chiffonnés, il est là, échoué après nos vagues d'amour. Le soleil perce à travers les volets, quelques points lumineux sur des formes molles et sombres, assez pour éclairer indirectement son visage serein. Il rêve. Je me glisse en dehors du lit, une envie de retrouver mes esprits. Non que cette soirée et surtout cette nuit ne fussent désagréables, bien au contraire, mais j'aime les petits matins frais, les heures calmes sans trop de bruits extérieurs, celles où je peux méditer sur mes émotions.
J'attrape son peignoir posé là dans l'entreporte vers la salle de bain, je me love dans le canapé, je regarde cette fenêtre encore ouverte sur la terrasse, les bougies sont encore tremblantes dans leurs verres. Un souffle de vent, je referme, j'aerçois l'assiette et les miettes de tapas, nos coupes ne sont plus là. Elles doivent trâiner sur le sol de la chambre. Perdues au milieu de nos vêtements, je retourne chercher les miens.
Je récupère mon pull, sa douceur me rappelle ses mains. Lui qui m'avait séduit par ses mots, son humour durant nos dégustations, ne prenant pas toujours au sérieux les conseils du sommelier, parfois pour en rire, mais surtout pour exorciser les approches trop snobs du vin. J'ai tout de suite aimé cet homme pour ses émotions vraies, ses goulées franches de verres vidés avec gourmandise. Il mangeait les saveurs, il en rigolait pour ensuite en tirer après un petit silence, la poésie des bonheurs gustatifs, la finesse des voyages oenologiques avec un simple verre. Lui voyait des vignes, des vignerons, des souvenirs, des liquides, des blancs, des rouges, avec ou sans bulles, d'autres sensations, pas forcément des comparaisons avec d'autres fruits, mais surtout le bonheur ressenti. Bon, très bon, exceptionnel ou passable, il ne voyait que les plaisirs en bouche, dans le tourbillon intérieur et les paillettes associées dans nos esprits.
Alors avec les deux cuvées de champagne, nous avons exploré des merveilles, des millésimes anciens, du rare, du sublime, du savoir-faire authentique, nous avons bu une vérité exprimée sous forme d'or liquide. Du bonheur, ses sourires, les miens aussi, nous avons ri de tout, nous sommes devenus tactiles dès le début de soirée, nos sens en émoi. Un océan de tendresse, nous nous sommes dégustés sans concessions.
Ce matin, je repars doucement, sans faire de bruits, mon numéro, il le connaît déjà. Heureuse, ivre de bonheur nouveau, avoué, partagé.
Nylonement