Ce week-end a vu tomber des éclats de pluie, des rayons de soleil mêlés d'arc-en-ciel et tout autant de particules de grêle sur ma terrasse. Les jeunes narcisses ont courbé le dos, plié sous les trombes excessives de vent, souri au bel astre chaud revenu ensuite entre deux nuages.
Pendant ce temps, elle a joué avec ses enfants, riant de leurs entourloupes autour d'une table avec un jeu de société, expliquant vainement des règles incomprises, jouant au mieux pour satisfaire le plaisir partagé avec les enfants de différents âges. Jus d'orange, jus de fraises et de kiwis-carottes mais aussi un thé pour que chacun puisse boire à volonté, riant de leurs bêtises, mangeant avec gourmandise les madeleines encore tièdes, un bel univers intérieur en action. Dehors, la météo est encore instable, le jardin profite de tout cela pour se réveiller doucement, les oiseaux dévorent les premiers insectes, le chat les regarde, blotti sous la table, loin de la pluie.
Mais aujourd'hui, quels vêtements va-t-elle choisir pour sa journée de maman-femme active ?
Fera-t-il chaud enfin, pour annoncer le Printemps ? ou encore ces vents froids d'Hiver frappant aux fenêtres, bousculant les piétons à la sortie du métro ?
Elle hésite, ouvre son armoire, regarde ses robes sur les cintres. Quelle couleur ? quelle matière ? car il faut toujours combiner l'impossible entre le moment où elle sera devant l'école, entre sa voiture et la porte d'entrée, dans la foule et dans l'attente, avec les dizaines d'autres gamins et parents, avec son manteau sur elle, puis ensuite dans ce parking ouvert à tous les vents, juste avant de monter dans le métro. Endroit chaud propice l'entassement des heures de pointe, le manteau devenant trop épais, la promiscuité empêchant tous mouvements, la chaleur toujours plus prenante de stations en stations, puis la libération, avec les cinq cents mètres de rue à parcourir. Une avenue avec de beaux arbres, le chant des oiseaux, la météo en direct, chaud ou froid, puis cette place et là-bas les bureaux de cette tour en verre. Elle entre dans le hall climatisé, actuellement dans une ambiance serre tropicale, trop chaud pour la saison. Soudainement son manteau est de trop, sa robe de mi-saison demande sa cousine de Printemps. Ici cette saison est a référence. Vingt degrés celsius en permanence, et donc une mode adéquate est demandée. Oui mais l'été derrière les vitres, la climatisation compense avec des flux d'air froid, donc un gilet est alors indispensable. Paradoxe de notre monde, il ferait presque plus froid ici l'été que durant l'hiver.
Aucun coach de mode n'a réussi l'épreuve de devoir trouver la robe, la tunique ou le tailleur idéal pour vivre en toutes saisons. Elle en souri parfois, oubliant la météo pour se plonger dans le boulot, les rapports et les réunions, avant de repartir vers sa maison, ses enfants. Le grand écart du chaud et du froid, du corps en contact direct ou caché sous les couches de mode pour répondre au mieux à son confort. Mais avec élégance.
Alors aujourd'hui, tunique de laine grise, ceinture kimono en cuir, bottes et collant noir opaque, sous un trench doublé. Et elle passera entre les gouttes avec son parapluie et son sourire.
Nylonement