Avancer le doigt sur le calendrier, un jeu de gamin, un moyen d'essayer de concrétiser la notion de temps pour les enfants, avec leurs seuls repères, les mois et les anniversaires, avec peut-être en bonus les cadeaux de Noël et les chocolats de Pâques. Se croire au printemps, la douce saison !
Regarder sagement la date sur le cadran lumineux du tableau de bord, attendre dans ce bouchon sans fin, constater que le mois d'avril est déjà commencé, sous la pluie battante qui noie les essuis-glace. Patienter si le terme peut intégrer la colère sourde en soi en pensant à ses kilos-tonnes de grévistes à la con, à ce déplacement non modifiable pour signer un contrat, à cette fatigue accumulée en parcourant le territoire en voiture plutôt que sagement calé dans un train. Sourire au final car c'est l'occasion de ressortir des vieux CD oubliés de la jeunesse, retrouvés en préparant ce déménagement.
Oui un changement de vie en cours, pour elle, pour construire un parcours commun, plus proche l'un de l'autre malgré les déplacements pour le travail, mais avec ce boum boum intérieur si fort qui nous relie chaque jour. Penser à elle encore, toujours, sans obsession (bien que ... si!) mais avec ce plaisir d'un petit sms ou de quelques mots.
Regarder dehors, cette pluie de printemps, oui il faut se résoudre à le dire, il fait froid et humide, mais les primevères sont là avec les narcisses, avec quelques tulipes primaires rouges. Les bourgeons sonnent à la pointe des branches, le bonheur vert gronde avant son explosion, son feu d'artifice. Voir ce bouquet de fleurs sur le siège passager, des roses, juste pour elle.
Sourire encore en pensant encore à elle, pour oublier le temps perdu sur cette route, mais surtout pour sublimer les nuances infinies de cet amour partagé depuis des semaines, des mois et des années. Tant de saisons, tant de bonheurs multiples, des petits et des grands, des larmes de bonheurs uniquement, des câlins quotidiens.
Elle n'est pas là, pas à cet instant, et pourtant elle est si présente dans mon coeur, chaque jour, chaque heure.
Nylonement