Mon nouveau bureau, une pièce symbolique dans un coin de ce nouvel appartement, moitié dressing avec le linge qui sèche près du radiateur, moitié cocon avec toutes mes étagères de livres, de feuilles, de dossiers ouvers et jamais vraiment refermés.
Une théière, un cadeau avec un nouveau parfum de thé, achetés ensemble lors de notre première balade de printemps, main dans la main, en amoureux, dans les rues de notre ville, un coup de coeur reperé sans se le dire. Nous avons ri de cette complicité naturelle depuis le premier jour, depuis ce hasard du net, depuis cette évidence. Là, nous marchions en parlant de tout, de nos boulots, de nos envies, de nos rêves plus encore, de nos enfants qui grandissaient, de notre vie pour demain.
Le soleil léchait les vitres, poussait sa chaleur vers ma chaise, assez pour me déconcentrer, pour me sortir de ce rapport austère sur la performance de cette petite entreprise, sur son département marketing oubliant la qualité, sur leurs processus jamais mis en place, j'avais envie de prendre une pause, ma tasse de thé chaude entre les mains.
Douceur de ce bureau, de cette place bien à moi, ni trop grande pour que je ne puisses pas me perdre, ni trop petite pour ne pas ressembler à un hamster dans son nid de papiers. J'en souriais, je regardais les premiers flocons jaunes des forsythias du jardin d'en face, les tiges vertes dans les pots sur ma fenêtre. J'étais bien ici, à continuer mon activité, en contact avec mes clients, seule aussi pour mieux digérer les objectifs de chaque projet, les plans d'action associés et les futures réunions pour préparer les prochains mois dans leur business. Un souffle d'air en ouvrant cette dimension sur le printemps naissant, cette chaleur nouvelle, encore fraîche mais déjà chaude.
Simplement lovée dans ma tunique de laine grise, un vêtement doudou, un collant texturé et opaque pour mes jambes encore trop blanches, mes ballerines au sol, mes pieds un peu dehors. L'envie de sortir pour me balader encore, avec lui, sans lui pour avoir aussi mon espace à moi. Je le savais dans son travail, dans ses pensées professionnelles durant sa journée, disponible le plus souvent pour s'occuper de moi, des enfants et de la maison ensuite le soir. Je respirais cet air, un peu de liberté, de temps libre, sans agenda et sans réunion aujourd'hui. Persistante volupté d'oublier les minutes et les heures.
Encore un peu.
En douceur.
Nylonement