Prendre une pause, après cette réunion répétitive dans ces interrogations, mais avec aucune décision, aucune réponse et peu d'engagements pour avancer, j'avais un grand besoin de ce bol d'air. Une envie de liberté, une respiration en dehors des bureaux, des vitres et des bocaux qu'elles forment autour de nous tous. Un mouvement pour attraper mon sac, un autre mon trench, et me voilà déjà en route vers l'ascenseur, des collègues et des statues devant leurs écrans à répondre dà des emails stériles, des couloirs avec des papotages autour des dossiers en cours, je me faufilais. Une pression sur le bouton, l'attente entre deux fauses plantes vertes, le zen tout relatif de ce lieu. Un bip, une lumière, deux portes qui s'ouvrent.
Une longue descente, avec des arrêts à chaque étage, des échanges sur les rapports et autres projets en cours, des promesses d'une confirmation par email, je suis au rez-de-chaussée, je badge, je sors. L'air frais, la rue, le froid de l'hiver, un peu plus de vent que ce matin, mais j'avance vers les boutiques, deux rues plus loin que le métro, la foule suit ses flux habituels. Mes talons, ceux de mes bottes, claquent sur le trottoir humide, j'ai toujours envie de me changer les idées, de regarder les vitrines, les dernières soldes. La quête d'une bonne affaire, autant pour la prix super remisé que pour me changer les idées. Là cette boutique de chaussures, ma préférée, mais il ne reste plus que des compensés immondes, des couleurs importables même pour les plus fantaisistes, quelques ballerines, mais j'en ai déjà tant de modèles. Je ressors, quelques boutiques de chaînes de mode, toujours pareilles, quelques raretés avec ce vieux proprio qui trouve toujours les copies des tendances, un fin limier qui doit se fournir dans les arrières-cours des ateliers. Toujours sur le pas de sa porte, il fume une cigarette souvent éteinte, il discute avec les passantes, les livreurs du quartier, salue les belles. Je rentre une fois de plus, je pousse les portants, cherchent parmi les manteaux courts pour le printemps, dans les tops et les chemisiers dans ce joyeux bazar. Une jupe droite en léopard traîne ici, je caresse son tissu soyeux, m'imaginant avec et paradoxalement effrayée à l'idée d'avoir ce type de motif sur moi. Mais cela m'amuse, un jeu pour sortir de mon image trop propre, de ce tailleur-pantalon strict de tous les jours. Gris de plus.
Quelques pas encore, toujours ce froid, une touche d'hiver toujours présent. Un passage où je mets presque jamais les pieds, une ambiance ancienne, une impasse couverte, des devantures en bois, des espaces plus authentiques. J'avance entre le lunettier et le barbier, des échoppes encore, des cartes postales et des créatrices de mode, loin des réseaux standardisés. Une atmosphère, je m'arête devant l'avant-dernière vitrine, des dessous. Des mannequins de couturière pour montrer des corsets, des coussins soyeux pour mettre en avant des soutien-gorges de dentelle et de mousseline, des culottes et des froufrous. J'adore tout cela, car c'est mon univers personnel, celui cahé sous le gris de mon quotidien. J'entre ici, une jeune vendeuse, des questions pour mieux me conseiller ensuite, je suis restée ici presqu'une heure, pour des folies douces, pour des essayages de cette combinette transparente, moulante et adaptée à mes hanches arrondies. Du bonheur, comme un massage intégral, la douceur des matières mais surtout le sentiment profond, envelopant de bien-être en version intégralement féminine. Une bulle de légèreté !
Volupté même !
Nylonement
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