Les fêtes sont toujours un belle période pour nous tous, ici en bord de mer. Le temps n'est pas dicté par une horloge ou encore moins par des téléphones portables, et autres applications inutiles, mais par les marées uniquement. Ces flux et reflux organisent nos vies, nos journées comme nos nuits. Car peu de temps avant, et encore durant les semaines de fêtes, je suis allé en famille, dans ma grenouillère de caouthouc dans les bassins à huître. Tracteur et sa remorque-barge plate derrière, tous en coeur, dans le froid, avec le vent marin, parfois très fort, les vagues au loin, à marée basse, nous avons fait la course pour sortir les dernières poches à huîtres. Retourner, s'emourber quand le sable devient plus mou, quand l'eau remonte parfois plus vite en fin de travail, secouer, porter, déposer, empiler, redisposer les autres, jeter un oeil sur notre future production, voir la mer reprendre possession de cette tranche de vie.
Puis revenir avec le sable partout, l'eau iodée, le vent toujours, les visages fatigués par ce double agenda, ce double travail à marée basse, suivi d'un autre dans l'atelier. Nettoyer, trier une première fois, brosser encore, trier et ranger dans les bourriches, goûter aussi, vendre parfois, juste là derrière le cabanon à des fidèles retraités qui chaque année font le voyage pour le plaisir et la dégustation. Prendre le temps soudain de parler, d'échanger avec eux, les jambes dans les bottes de caouthouc, le pull marin, le pantalon épais de travail, les cheveux dans le souffle qui passe la dune toute proche. Nous aimons tout cela car c'est inscrit en nous, dans un mix de générations, entre grands-parents et enfants mais aussi comme moi petits-enfants et bientôt les autres petits. Tous dans le même bateau, tous dans la même énergie pour nos clients. Quand la saison avance, je deviens vendeuse sur les marchés, pour partager avec les touristes et les locaux, ce fruit de la mer, notre belle production. Avec des sourires après l'effort !
Après les fêtes aussi, enfin, je redeviens moi-même. Après mon second job comme esthéticienne à temps partiel, le soir je peux prendre soin de moi. Séance de bien-être avec un massage, avec un bain chaud et parfumé, doucement immergé dans les senteurs, les vapeurs et la chaleur. Ma peau, mon corps se détendent en oubliant le vent, à la lueur des bougies. Oui une ambiance sensuelle, pour me séduire en premier lieu. Un regard dans le miroir, un coup de brosse dans mes longs cheveux dénoués, des crèmes pour parer à la sécheresse dûe aux embruns, à ce froid de décembre, des ombres sur mes paupières, des traits d'eye-liner juste et précis, un soupçon de rouge à lèvres, je retrouve la volupté. Une belle lingerie, une robe d'hiver, justement courte pour ne pas oublier ma trentaine récente, et des cuissardes.
Un pêché mignon, ma touche toute personelle pour les saisons d'automne et d'hiver, parfois je déborde sur les autres. J'aime cette sensation sur mes jambes, mon atout beauté, avec des talons ou plates. En cuir noir ou en nubuc, souples ou droites, juste au genou ou à mi-cuisse, je me sens si bien dedans pour gambader vers un restaurant avec mes amies, pour une soirée en boîte, ou pour simplement flâner avec mon amoureux. Plus encore, avec le froid, les fêtes, j'aime souligner ma féminité, ma touche de mode. Surtout que les dernières étaient sous le sapin, une version gris souris, ultra hautes, avec des talons vertigineux, je me sens comme une fée. Journée de repos, elles seront pour ce soir !
Nylonement