Un simple souffle, comme un brouillard, je suis entrée là, marchant ou plutôt titubant entre les bancs, trop près de cette arbre, m'accrochant à ce mur qui partait en arrière. Le réel s'éffeçait à mon regard, tout tournoyait, un peu trop encore. Ce mur vertical devenait oblique, il me fuyait, moi avec, je glissait, je retenais ma respiration en m'appuyant sur un objet.
Lequel, je ne pourrais vous dire, je partais dans un monde mou, des vitres, des personnes, sourdes à mes gestes confus, des parois invisibles et moi derrière. Quelques secondes, quelques minutes, un certain temps, une échappée dans toutes les dimensions de cet espace. Où et quand, deux questions !
Folle ambiance, une brume, mon regard flou et surtout cette foule qui ne voit rien de mon tourbillon, je lévite au-dessus d'eux, première dans les décors, accrochée à un néon. Au plafond, je ne sais pas, je marche là, eux ailleurs, ma robe retient mes déplacements, craque car définitivement la coupe crayon ne convient pas à mon évolution d'araignée.
Et mes talons non plus, mais bizarrement je marche, je grimpe, je me faufile tel un chat aimanté.
Rien ne stoppe mon avancée, vers cette vitrine, là-bas. L'envie d'être là, plus loin encore, la distance augmente avec ma progression. Plus loin encore, inaccessible, mais pourquoi. Et pourtant elles sont là, des manteaux, des sacs à main, des jeans, des bottes, des pulls, des couleurs, du bruit, des cris, elles sont si nombreuses, comme un mur.
J'avance, je rampe sur les murs, je peux les dépasser d'un saut, mais il y a toujours plus de monde. Un horizon d'étagères, un rebond peut-être.
Non, je reste là, déçue, songeuse, surprise aussi par cette réalité étrange. J'aurai essayé.
Et puis demain, en passant devant cette vitrine, je verrai encore ces escarpins diaboliques, qui m'attirent avec leurs talons sans fin, attisent mes envies.
Demain, à mon réveil !
Nylonement