Le rouge, le seul que j’aime, c’est celui que je suis en train de mettre sur mes ongles de pieds, un rouge presque noir de Chanel. Il glisse, il prend possession de mes orteils, et sous le voile noir si fin, il sera flamboyant. Oui, je vais le glisser dans mes Louboutin vernis noirs, aérienne sur leurs talons fins, avec le bout ouvert, pour laisser cette étincelle narguer les regards.

Là sur le lit défait, un ensemble rouge, une lingerie anglaise, de la soie, de la dentelle française, du rouge, des froufrous avec leurs jarretelles sur ce serre-taille, sur le bustier. J’aime le contraste sur les draps blancs, bientôt sur ma peau claire. Je vais glisser tout ceci sous cette robe noire, fluide, enveloppante avec un décolleté ouvert sur le bustier. Cachons cela, montrons cette couleur. Oserons-t-ils regarder ma gorge ?

Un dernier coup de rouge à lèvres, une merveille récente avec ce pinceau si facile, face au miroir. Un gloss brillant, un vernis à lèvres qui restera ma signature. Où est mon sac à main ? Un petit modèle doré, quelques babioles, mon téléphone.

J’enfile mon manteau rouge, mi-long, pour qu’ils aperçoivent les deux coutures de mes bas.

Finalement oui, je n’aime que les fruits rouges, et les macarons framboises. Je croque dedans, un dernier avant d’attraper un taxi.

Ou dans un rêve, je m'envole ... en rouge.

Nylonement

Photographe : Nikolay BIRYUKOV  pour SnC Magazine

Modèle : Adeline JOUAN

Styliste :  Mikael Baryshnikov 

Voilà la question qui depuis dimanche dernier se pose !

Dans la liberté exposée il y a une semaine :

www.nylon-volupte.com/article-bas-nylon

Je n'avais qu'évoquer la découverte par le regard des uns, le port du bas nylon par les autres. Ici nous revenons au début du jeu du hasard, celui qui dévoile volontairement ou involontairement ce revers de dentelle, ou ce revers double ton, un peu plus foncé sur le haut d'une cuisse. Ou plus encore ce coup de vent malicieux sous la jupe en jersey si fluide si légère, ils ont vu une jarretelle.

Si encore ils savent ce que c'est et le nom exact de cette bande élasticée et de son attache métallique, clipsée en son extremité avec le bas.

Je vous épargnerai aujourd'hui les quolibets, les fantoches à la cinématographie porno aussi grande que leur cerveau est petit, voire d'autres attributs de fond de culotte. Ils feronst l'objet d'un prochain article sur la liberté, sur le respect, sur la Femme et sa mode dans une société en régression.

Je ne parlerai ici que des curieux et des surpris, un groupe qui se compose autant d'hommes que de femmes. Et de tous âges, disons entre 18 et 40 ans, un groupe qui n'a jamais eu à mettre, à voir, à croiser de bas nylon. Vaguement habitué aux bas de type DimUp, ils sont de la génération post 50-60, ils n'ont vu leurs mères, leurs grands-mères portés des collants. 

Alors ce soir, dans cette soirée entre amis, ou simplement dans cette boutique, plus rarement dans la rue, ils vont vous poser cette question "Madame, il me semble que vous portez des bas ?"

Il n'y a pas d'incongruité à dire cela, comme une autre personne qui admirerait vos chaussures fines et élégantes, vos hauts talons, votre jupe, votre ravissant sac à main. 

C'est à la fois une phrase qui traduit un début ou une totale admiration de cet acte rare, c'est aussi une curiosité décalée pour notre époque avec le sous-jacent "Peut-on encore porter des jarretelles, un guêpière ou un porte-jarretelle sous une robe si actuelle ?". Le peu de leurs connaissances leur rappellent les gainettes de La Redoute, les pages PinUp des magazines variés ou plus encore le glamour exposé de Dita Von Teese, une effeuilleuse qu'ils ont entr'aperçu dans une vidéo ou une page sans connaître ni son nom, ni son métier d'art.

Ils associent au rétro, au néo-rétro, ce retour du glamour, du détail si féminin car OUI et j'insiste sur le GRAND OUI, ils associent unanimement ce coin de nylon, vos jambes recouverts de fin voile, non plus à un anodin collant mais à une étincelle de féminité. Vous gagnez immédiatement des degrés sur l'échelle de la sensualité, d'une mode finalement cachée en dessous, mais qui connue, aperçue devient votre bonus, votre super-bonus de féminité.

Oui, le bas nylon est un symbole pur, rationnellement glamour, une liberté.

Et l'intimité dans tout cela, dans le second sous-jacent de cette anodine question, je l'évoquerai dimanche prochain. Bon week-end.

Et si vous faites des brocantes, fouinez, achetez des bas vintage, si rares, si doux, des étincelles d'histoires qui se réveilleront sur vos jambes.

Nylonement