Entendre ou devenir sourd ?
Ce n'est pas un paradoxe ni même une opposition , car écouter ne veut pas dire entendre et encore moins croire à ce que l'on essaye de nous dire.
Comment avancer dans ce monde incongru où la vitesse devient la priorité des pensants pour aller toujours plus vite sans plus savoir la raison de cette volonté, sans connaître l'objectif ! Impossible perspective que je ne peux accepter dans ma chambre, seule, avec mes écouteurs, mon téléphone, mon portable, mes liens invisibles avec les autres. Je suis seule dans un monde interactif qui sature de toujours vouloir être connecté. Tous ensemble, nous tous, tous vers un point, non des points d'interconnexions multiples. Et pourtant là, je suis seule, avec mes doutes. Ceux d'une jeune adulte, devenue adulte sans le savoir, passant d'un statut digéré d'adolescente à celui plus responsable en traversant la crise d'un virus fantôme durant deux années d'université tout autant fantôme. Rien de concret, aucune trace de tout cela, deux années dans ma chambre, mon salon avec des amies étudiantes comme moi, mais chez elles, chez moi. Des profs, des robots d'une mauvaise série dans un écran trop petit sans aucune interactivité car cinquante écrans ne peuvent poser des questions en même temps, attendre la fin du cours, prendre ce temps en bas d'un amphi pour quelques questions complémentaires. Rien, et surtout ce soir, plus de sens à tout cela car si vous rajoutez la maladie, la fin de vie d'une mère égoïste, égocentrée, nombriliste, mais malade, vous avez ma vie, le gris permanent dans ce ciel de printemps.
Alors j'essaye de m'évader pour comprendre et trouver un peu de sens pour ce monde qui foire toutes tentatives de paix pour des intérêts économiques. L'écologie m'intriguait, me captivait même dans une vision politique et purement du quotidien et soudainement j'ai regardé derrière les beaux discours, j'ai voulu croire en une réalité. Mais parmi les paramètres incompatibles aujourd'hui, il y avait cette multiplicité de vision individualistes, sans aucune volonté de vision partagée ou collaborative. Et puis les échéances, personne ne semble s'engager pour aujourd'hui, encore moins pour du moyen-terme. Le désastre est là devant eux, autour d'eux, mais ils regardent ailleurs en tournant le dos au futur proche. Je ne crois plus en leurs promesses, en ma vie, sans projet commun.
Alors je plonge en musique dans un univers de musique, hétéroclite, piochant entre le rap contestataire et féministe actuel, la new wave planante de mes parents, le jazz cool et de l'électro plus dansant. J'ai étalé ma pile de lecture, des livres récupérés chez les copines, dans le bordel de papa, dans les boîtes à livres, je feuillette, je retourne pour consulter la 4e de couv, j'ouvre au hasard pour juger du style. J'aime, j'aime moins, je ne suis pas prête pour celui-là, je prends celui-ci. Je m'évade de mes doutes, je les pose de côté pour me lover entre les coussins sur mon lit. Je ne peux croire la vie de cette femme, c'est un roman, un peu de moi peut-être.
Nylonement