Marcher, poser son pied, toucher le sol, s'envoler, courir vers lui, savoir qu'il est là, pas si loin, juste après cette réunion de travail où notre tête était déjà ailleurs.
Aimer, oui simplement essayer de cerner par des mots, ce qui fait qu'un jour, là devant nous, cet homme, celui-ci, celui-là, anonyme est devenu une source de palpitation. Fuir cette impossibilité en rentrant le premier soir, surprise mais entre un brin perturbée par ces instants calmes, sous une pluie fine d'avril, s'asseoir sur un canapé, face à la vie d'avant, si loin, le divorce si proche. Un bruit, mon fils qui sort, entre deux révisions, grommèle mais me glisse un de ses sourires forts. Discrète, je sors si peu.
Le revoir, pourquoi ? pour une exposition, et là devant ce restaurant, juste là, un lieu, une bulle, une terrasse, des plats, des sourires, des mots, la vie. Un coin de ciel bleu étrangement intense. Mais plus encore devant l'exposition, je lui parle de moi, de mes failles, je me dévoile sans rattraper mes mots, je suis là, moi totalement. Découverte comme jamais depuis quatre ans, je m'ouvre à cet homme, à cet inconnu, et lui sans réponse, me pose la main sur l'épaule, me prend la main. Naturellement comme celle d'une amie.
Mais mon coeur, mes yeux, tout a tremblé.
Lui, moi, cet homme que je suis, j'ai pris cette main, j'ai senti cette femme fébrile sans être fragile, un message silencieux. Moi non plus je n'ai jamais su quand cela commencerait, quand cela a commencé, quand ce serait une évidence. Sans preuves, sans gestes, sans mots, ou peut-être avec tant de mots, d'émotions dans cette bulle incroyable qui se forme ici ou là, quand nous sommes ensemble. A la sortie d'un métro, dans une rue piétonne, dans un restaurant ou un parc, nous sommes un, et rien d'autre ne peut le changer.
Evoluer, nous avons grandi avec nos sentiments, nous avons fusionné dans cet espace sans trop y réféléchir, nous avons changé, nous nous sommes ouverts l'un à l'autre avec le temps. Et sans voir trop l'avenir, nous vivons intensément le présent, chaque nuit, chaque minute, chaque seconde. C'est notre amour.
Je vous aime.
Nylonement
Aimer,