Automne, une pluie diluvienne aussi soudaine qu'intense, un porche et deux inconnus trempés qui se cachent du déluge, c'est ainsi que je l'ai croisé.
Surprise en sortant d'un rendez-vous, bloqué comme moi par le chemin jusqu'à la prochaine station de métro, elle était victime de cet océan vertical, la robe jaune soleil qui dégoulinait d'avoir trop bu les vagues trop nombreuses.
Un visage dépité, de la pluie encore, pas de parapluie, juste ce recul architectural pour attendre la fin. Sauf que cela a duré plusieurs dizaines de minutes, un début octobre dantesque. Nous avons eu le temps de constater les dommages, ce tissu lainé gorgé d'eau, sa silhouette élégante devenu plus improbable. Les cheveux aussi, la petite veste en cuir reste la seule partie digne de sa tenue.
Comment continuer à marcher dans un état pareil ?
Je lui ai souri, face à son désarroi. J'ai retiré mon manteau, et je lui ai proposé de se glisser dedans, pour éviter les sarcasmes face à la transparence des mailles mouillées de sa robe. Se cacher dans ce trench trop large, pour sauver les apparences. Elle a souri enfin, elle a accepté tout en précisant qu'elle ne me connaissait pas. Moi non plus.
Nous avons attendu la fin de la pluie, je lui laissé mon téléphone pour récupérer un autre jour mon manteau, dans un endroit sec, un bar par exemple. Elle a ri de la complicité de la pluie pour arriver à avoir son numéro, du grand art selon elle.
Ce soir elle est là, resplendissante, les cheveux secs avec un chignon bien porté, une robe moderne, tricolore, le temps est sec. Je souris en entrant dans ce café lounge, un lieu chaud et chaleureux, elle me fait signe, et me remercie encore pour mon trench qui attend sur le dos du siège d'à côté.
Deux verres, son rouge à lèvres, son sourire, un peu plus de temps pour la découvrir.
Nylonement