Jour de repos, une pause dans le moi de mai, une pause dans mon agenda de jeune cadre enthousiaste, mais dans l'attente des vraies vacances, encore plusieurs semaines, je suis enroulée dans mon long pull sur mon canapé. Tiré, étiré, devenu tunique et surtout doudou géant, ce tube de laine me réchauffe derrière la grande baie vitré de mon salon, un rayon de soleil vient picorer mes orteils. Le printemps est indécis, froid hier avec le vent, frais ce matin, avec enfin un sourire du soleil.
Je suis bien, juste un peu seule, mais vivre sans lui me paraît plus facile finalement, je prends ma tasse de café, un livre attend, je n'ai pas envie des mots. Juste un morne ressenti du vide autour de moi, une réappropriation de l'espace sans ses affaire. Sans lui, mais bien avec moi. Hélène, ma meilleure amie trouve toujours le positif dans les situations les plus larmoyantes. Au final on a bu plus de champagne que jamais avant, on a oublié, on a ri, on a même hurlé notre joie saoûle dans la rue, une pointe de folie dans la nuit, sous la pluie. Alors aujourd'hui après près de deux mois, je vais me reposer, laisser le boulot et les emails de côté. Roulée, lovée dans mes coussins, avec ce mohair qui m'enveloppe, je suis heureuse, seule et simplement heureuse.
Mon seul objectif du jour, et encore, la procrastination pourrait l'emporter. Je vais me lever, me maquiller, mais rester dans cette tunique, peut-être un collant fin si la chaleur ne domine pas le frais. Le dressing, cette pièce tout petite, une envie de rangement, d'étaler les affaires d'hiver, celles d'été, les chaussures à peine portées, les escarpins trop usés après deux saison mais si superbes, les sacs à mains en fin de vie, les accessoires et autres sacs à mains si étranges, achetés en retour de plage, importable ailleurs, les chapeaux, un tas dans un coin. Je vais ranger, me faire plaisir à trier, à voyager dans les souvenirs, à revenir dans un passé proche voir plus lointain car je dois avoir des vêtements de ma vie étudiante encore. Des tee-shirts si doux en vrai coton, balayés par le temps et les machines, plus vraiment tendance mais si agréables. Un grand déballage, et après je ferai un vide-dressing avec les copines, voilà la bonne idée, je vais en parler avec Hélène et toutes les autres copines. On va vider, échanger, remplir de nouvelles idées de mode, nos têtes.
Robes d'été, tuniques, jupes, pantalons, combinaisons d'automne, chaussures, jeans, pulls d'hiver, toutes mes tenues de printemps et de mi-saison, toute ma mode.
Cette idée me réjouit, me donne instantanément toute l'énergie, me chauffe le corps.
Une belle journée de repos, de mai, de féminité.
Nylonement
