Je n'apprécie que les personnes à l'heure, car la première politesse est de respecter le temps des autres. Et je devais rencontrer cette femme, pour parler de mon blog, sa notoriété et son envol. Elle appréciait mon travail, mon passe-temps, ma passion. Elle voulait mieux me connaître, pour explorer chaque lobe de mon cerveau masculin qui parfois prenait des voies féminines. Un autoroute variant des classiques routes de Bibemdum mâle, pour se perdre sur les voies de la finesse, se perdre dans son orientation, sans jamais perdre son temps. Elle me croyais un autre, une autre, une étoile filante sans but, pauvre comète dans les chemins intersidéraux.
Elle me lisait depuis le premier jour, elle avait craqué suite au conseil d'une amie du net. Elle la grande dame des mots, la maitresse des tendances. Pointilleuse et exigeante avec ses collègues, despote les jours de bouclage, une femme de décision dans un monde de mots et d'image. Une femme prise par le temps, avec un agenda "overbooké" dès le premier jour de l'année, entre vie de boulot et vie personnelle, une vie fusionnelle avec son monde de médias.
Moi, simple passionné, fétichiste ébouriffé des nylons, clown de passage dans un univers qui ne lui appartient pas, avec de trop grands pieds pour marcher, avec ou sans talons, avare de sentiments vrais pour ne pas froisser les yeux qui passaient ici.
Mais qui était elle ?
Le monde réel reprenait le pas sur mon monde virtuel, capitonné de douceur, plusieurs fois isolé de satin et de molton, pour le cacher du monde brutal environnant. Un monde, mon monde de paix et de douceur. Ouvert à toutes et tous, mais pour partager des envies communes, une passion et un fétichisme commun. Mais un monde, mon monde n'existait pas, juste quelques mots, juste mon regard sur Vous.
Là, maintenant je devais faire mes premiers pas dehors, avec le temps qui reprenait vie, avec un étrange sentiment, elle m'avait appelé en direct, simplement, moi et mon numéro de téléphone, dernier pont-levis de ma discrétion. Avec une voix douce, en prenant son temps, elle m'avait demandé si je pouvais venir la voir.
Mais je n'existe pas, je suis un pseudo, un pseudo scribouillard, un rêveur idéaliste sur les Femmes, entre deux livres, en pleine recherche de mon enveloppe humaine. Je ne suis que des doigts heureux avec Vous. J'ai bafouillé, elle a pris son temps, elle ne voulait pas me déranger, me forcer, et pour marquer le contact réel, elle m'a donné son numéro. Un signe de confiance a -t-elle insisté, en regard des émotions qu'elle ressentait à me lire.
Je suis resté muet, comme si , seuls mes doigts pouvaient encore lui parler, lui exprimer ma joie et ma confusion. J'existais pour elle, mais c'est impossible, je suis une étoile dans le ciel, perdue, esseulée, brulant de vivre encore un peu, de luire pour elle, pour Vous.
On vit rarement un rêve éveillé, on ne comprend pas cette force d'exister pour l'autre, surtout une inconnue qui vous veut du bien. Dans mon silence j'ai entendu "vous me procurez des vibrations, et je voyage quelques minutes chaque jour avec vous !" un nouveau silence, mes mains ne bougeaient plus, elles aussi silencieuses. "j'ose me montrer à vous, car j'ai l'impression de partager un peu de moi, de vous, en vous lisant."
"Merci".
Copyrights Une délicieuse amie du net
Doit-on franchir le rubicon du net vers le réel ?
Nylonement