Toi, cher ami, cher oncle par alliance, oui toi qui me manquera aujourd'hui, demain aussi.
Toi cette personne que j'avais croisé dans les moments de mon enfance, qui avait marqué mon adolescence, cet été là, avec le soleil et l'insouciance, je jouais à découvrir la vie avec tes enfants. Je courais, je faisais du vélo, parfois sans frein, j'allais à la pêche, je passais du temps à rien faire aussi. De ta maison posée sur une hauteur, je regardais le Périgord, cette région qui vît avec sa magie, son recul, son enthousiasme rustique mais surtout avec sa vérité. Les voisins, ce petit vieux, ses personnes âgées, les autres, ils étaient toujours prêts à parler, à écouter, à prendre du temps pour partager leur vie. Ce champ, ce canard auquel tu avait recollé le bec avec de la colle, qui était comme un chat dans tes bras.
Toi qui sous ce soleil avait quitté la ville grouillante, la capitale à l'apogée de ta réussite, pour venir ici, pour profiter du paysage, du calme, des parfums, mais surtout de ta liberté. Tu créais, tu dessinais des publicités, tu avais ce talent rare de créer des logos de marques, parmi les plus célèbres de France, tu le faisais avec un détachement si léger, avec une aisance artistique si forte.
Toi qui m'avais ouvert ce monde, montrer avec humilité la force de donner la vie à des oeuvres, à des trucs et des machins, à une idée. Tu les avais accompagné de mots, et là tu étais un génie, un passionné de phrases, de textes, de belles tournures. Conteur hors pair, tu savais nous emmener dans des histoires où l'on savait que nous plongerions. Tu jouais des mots, des situations, des émotions, et toujours pour nous faire rire, exploser de rire.
Car Toi, tu aimais une seule chose, les autres, donner aux autres et l'humain était ta première valeur. Tu en abusais, tu te défonçais pour les autres, pour redonner vie à une église, à la musique, car tu étais doué avec tes dix doigts, pour tous les arts.
Toi, tu vas me manquer, car la vilaine maladie t'a dévoré toi aussi, que je la hais encore plus ce jour. Heureusement, j'avais pris vingt ans pour te revoir, mais moins de temps pour te transmettre ma passion des mots, mon amour hérité probablement de toi, des beaux textes et de l'humain. Oui j'avais pu te dire ce que tu m'avais inconsciemment transmis comme valeurs. Nous avions un coin de projet ensemble, un moyen de se parler encore.
Toi, Jean-Claude, l'humain humaniste à la barbe broussailleuse, tu vas me manquer.
Nylonement