Encre deux articles, entre deux accompagnements d'enfants à l'école, entre deux grévistes de la sncf et de véolia, je passe au supermarché, pour les éternelles courses de la semaine. Un poulet pour les petits, des légumes et de la salade pour le régime de Papa, des autres légumes pour la soupe réconfortante avec les prémices d'un automne naissant, un brin froid sous la porte. Des yaourts, nous devrions prendre des actions chez Danone, avec une consommation géante, en plus du lait. Du riz et quelques poissons frais, des conserves, de la brioche et de la confiture de framboises, peut-être de myrtilles.
Une paire de ballerines pour ma grande fille, oui ce bébé d'hier devenu trop vite trop grande. Une paire de basket pour la petite, qui est déjà grande aussi. Enfin le moment libérateur de la caisse !
Et là j'ai le choix entre plusieurs types de caisses : la caisse rapide pour quelques produits, que je scannerai moi-même pour conforter la marge du distributeur, la caisse assistée à laquelle vous associez le bippeur, cet instrument que l'on vous remet gracieusement en arrivant qui lit les codes-barres au fur et à mesure de vos courses, et pour un passage en caisse rapide ! enfin la caisse standard, avec une caissière, aux couleurs de la marque, du moins son gilet, car parfois elles osent quelques excentricités en dessous. Je suis la file de cette dernière, pourquoi ?
Je vois vos sourires malicieux, voire libidineux, qui privilégie mon fétichisme , pas celui des caissières (caché en moi), mais celui d'apercevoir ses jambes, une jupe plus courte, une chaise haute, une paire de bas pour la rassurer de sa féminité, un top blanc avec un soutien-gorge si féminin, derrière ce gilet standardisé.
Oui je peux rêver, mais seules les stagiaires de l'été sont parfois plus légèrement vêtues, les autres savent qu'il y a des éternels courants d'air vers les portes de la galerie commerciale.
Non, je ne prends pas cette file pour cela, mais par respect de l'humain, cette petite chose en moi qui fait que je serai triste, dans un futur banalisé, de parler à une machine, sans aucun contact humain. Le remplacement en marche des caissières est une étape purement financière, et non pour votre confort de consommatrices, non non, arrêtons les illusions.
Demain vous serez devant entre deux murs de métal, avec un faux sourire (oui le consultant a proposé la suppression des caissières actuellement, proposera un peu d'humanité interactive !!! folie !) sur un écran multimédia qui scannera votre chariot. Vous serez comme des vaches avant la traite industrielle, vous paierez les produits toujours le même prix. Et quand vous aurez oublié le prix des carottes, un bip sonore plus fort retentira, pour vous dire de déposer l'objet dans la case B, en haut à gauche, avec impossibilité de retourner en rayon pour les peser rapidos. Vous serez vous-mêmes scanner ! Prière de mettre votre code-barre juste au-dessus de vos revers de bas (au cas où je passerai par là).
Et en vous dirigeant dans la galerie, vous croiserez une machine autonome, sans conducteur, juste une lumière rouge clignotante dessus, qui nettoiera le sol. En arrivant dans le parking, vous déposerez vos courses dans votre véhicule électrique.
Et là une femme, amaigrie, sans travail vous accostera, pour demander l'aumône. Avant elle travaillait dans le magasin.
Un peu de légèreté après tout cela.
Nylonement