J'attend depuis plusieurs minutes dans la salle d'attente de mon ophtalmologiste. Je viens pour les examens annuels, pour non pas réviser mes yeux, mais m'assurer de leur bon fonctionnement. Ils s'usent devant les écrans d'ordinateur, mais moins que le dos, si votre position n'est pas adéquate.
Et pour une fois, pour une batterie de tests, "à votre âge ... bla bla bla..." je me retrouve avec un produit dilatateur de pupille, et donc en sortant je suis le chat en pleine nuit, mais moi c'est en plein jour !
Soleil, pas trop en ce mois de mai 2010, je regarde les arbres différemment comme si ils étaient illuminés de lumière un soir de Noel. Tout comporte un halo féérique. Ne pouvant conduire, je dois attendre l'atténuation du phénomène, je marche, je flâne dans le quartier. Tiens encore un magasin de chaussure qui remplace un magasin de nourriture, une ex-boucherie. Tiens un nième magasin de téléphonie mobile et de vente de maisons. Les gens doivent manger des téléphones !
Et la foule passe, mes yeux semblent voir des poissons disproportionnés derrière les vitres de l'aquarium.
Une sirène apparait entre deux poussettes doubles de nourrices papotant. Une jolie quadra, avec son sac beasce vernie, chic avec son tailleur clair, un beige dans les teintes Burberry. Une jupe mi-cuisse, un chemisier blanc strict et sobre. Un blondeur naturel, ou du moins pleine d'élégance et de souplesse. Un brin de maquillage sur les yeux, u trait pour allonger chaque oeil. Deux bracelets épais et dorés dépassant de la veste de tailleur, elle se dirige vers moi, en traversant cette route, et s'appuyant avec fierté sur des sandales noires. Fines et hautes !
Une sirène, dont je découvre enfin , avec mes yeux perturbés, les jambes, elle me frôle, un parfum envahissant, un parfum de femme, un miel de suaves effluves, un shalimar d'élégance.
Elle passe, et mes yeux tournent, oui en emmenant avec eux ma tête. Je frise le torticolis instantané, je ne contrôle pas ce plaisir soudain. Elle doit être pressée pour marcher aussi vite, elle marque un arrêt pour sortir le super téléphone de son sac "magique" (tout sac de femme est magique quand il peut contenir, les clés, le maquillage, un ou deux paires de bas, des mouchoirs, des carnets, un ou deux téléphones, un vieux PV, des porte-bonheurs fait par les enfants ou ramenés de nulle part, mais impossible à jeter, un foulard, des gants, des lunettes de soleil, oui au moins deux pour une élégante, un ruban fétiche, un autre, une boîte de pastilles de menthe, quelques comprimés, une ordonnance pour la pillule, et tout autre archéologue ou spéléologue parti dans ce sac un jour et toujours retenu dedans ...).
Mes yeux s'arrêtent aussi, sur elles, sur ces lignes !
Elles repartent d'un pas alerte, se faufilent dans la foule.
Mes yeux suivent, se perdent.
Et les vôtres ?