Je suis du regard les jambes devant moi, un repas pris sur le pouce, juste coincé entre ma main et mon téléphone, avec mon sac de l'autre. Je marche avec mille idées dans la tête, libre de vous imaginer devant vos écrans, heureux des derniers commentaires, je souris, seul dans la rue, pas totalement seul.
Je rumine avec plaisir, ces mots qui sont les vôtres et qui flattent parfois mon ego discret de fantôme du clavier, mais ici dans cette rue, avecce vent frais, je m'évapore. Oui soudainement mon sac tombe à terre, mon sandwich choit au sol, attire les moineaux, mon téléphone sonne dans le vide. Je ne suis plus là, je vole, je survole les pavés et les voies de tram, je jette un oeil distrait dans mon élévation, vers les montagnes, vers les Alpes.
Je suis du regard des gambettes en collant opaque avec un short court qui dépasse à peine d'un manteau court. Je passe comme le vent près de vous, je deviens air et volupté. Je virevolte, pris par une aspiration douce, un courant d'air d'automne, je passe derrière une tunique grise en laine, avec un dos marqué de petits noeuds élégants, sous une chevelure brune, souple, brillante. Elle esquisse en sourire, elle parle à son téléphone, à son amoureux ou sa compagne, ses amies.
Je glisse, je retombe sur un banc, je me pose, je m'asseois, fantôme aérien. Elles sont là, trio de bottes et de cuissardes, couleur beige, couleur noire, cuir ou en daim rasé, leurs gambettes se chevauchent, elles potassent les derniers numéros de Grazia, de Be et de ELLE, c'est vendredi. Collants de couleurs, trio d'opaques succulents, je rebondis, d'un simple souffle vers le jaune vif porté avec une jupe noire cuir, vers le violet, une très fine résille avec une jupe longue souple, le froid n'oblige à rien, et un rouge mat, si beau, avec ce short en dentelle noire, un must H&M.
Pourquoi je suis là ? Parce que j'aime avec un profond respect, un total désir de vous vous voir plus belle, plus libres dans votre mode quotidienne, j'aime les féminités et leurs variations. Je ne me lasse, je ne veux me lasser, je veux vous enlacer délicatement, comme ce flux immatériel qu'est le vent, celui qui pousse les dernières feuilles des arbres sur le trottoir, celui qui passe pour sentir votre parfum. Vous me faites ainsi une bise, ce charme invisible de quelques molécules incolores, mais si odorantes, je les emmène avec moi, un peu de vous. Ou les arômes de votre pêerfecto, ce cuir souple sur votre robe.
Mais avec la lumière qui disparaîtra, le soir venant, je serai d'un côté puis de l'autre de cette rue, au gré du vent, je suivrai de mes regards frais maintenant, le soleil manque.
Je suis heureux, je rentre, je me glisse par la serrure, je tapote légèrement sur le clavier, toutes mes impressions, toutes mes visions, et surtout les belles surprises, les belles associations. festival de ballerines, de petits talons, quelques escarpins, des bottes et la tendance bottines. Je savoure ces instants, près de vous, loin de vous, ne bougeant plus, pas un souffle de vent.
Un souffle de sensualité va me réanimer, le vôtre ?
NYLONEMENT