Comment expliquer ce déclic qui transforme le regard en une fusion d'émotions, un sirocco intérieur, intense de caresses et finement gorgé de chaleur ?
Pourquoi nos sentiments sont des leviers esthétiques qui prennent une image ou un visuel réel, mais aussi retournent des mots, des baisers d'admiration ?
Là, devant vous, un restaurant en province, un déplacement, un rendez-vous un peu morne, sans conviction de faire de réelles affaires, l'ennui, mais pour vous changer les idées ou par hasard, vous êtes dans ce restaurant. Seul ou seule, une carte à la main, une bouteille d'eau gazeuse près de vous, pour unique compagnie, vous dévisagez la salle, appréciez le décor, les lumières. Soudain, elle rentre, franchit la porte extérieure pour amener de la magie dans la salle, oui cette femme est différente et pourtant ce n'est pas une star, une actrice ou une comédienne de renom, une top-modèle flamboyant ou une écrivain illustre, juste une femme.
En fait bien plus qu'une femme, que les autres femmes, car elle dégage à chaque pas une féminité, une intense force qui suit son allure, elle marche sur des talons hauts, elle ouvre son chemin, il s'ouvre à elle naturellement entre les tables, laissant son manteau, prenant sa minaudière avec elle, charmant tout le personnel d'un simple sourire. Une robe, osée diront certaines, un simple dos nu, voilée d'un organza vaporeux, une petite robe noire qui marque ses hanches, une poitrine qui se soulève, un corps qui se meut avec aisance, sûr de son glamour, fier de sa féminité.
L'homme, élégant, plus discret lui tient la main, l'accompagne, rayonne de ces étincelles amoureuses dans les yeux, conscient de cette beauté, heureux de la voir briller, non pour sa fierté personnelle mais pour cette femme, sa compagne qui illumine d'une sensualité assumée, de sa présence si élégante. Si naturelle !
Rien n'est de trop, juste une belle coiffure, quelques minutes prises pour poser ses mèches, pour dompter les rebelles avec une pince, pour laisser visible ses boucles d'oreilles. Un choix adapté de bijoux, simples manchettes, sobres avec cette robe si belle, parfois un peu plus en transparence, parfois en bi-matière, cuir et jersey, parfois plus fluide pour suivre son parfum gourmand, parfois plus moulante pour marquer ses épaules, son buste, sa taille, ses hanches, son corps, ses jambes. Souvent une couture au dos des jambes, souvent aussi des talons fins, hauts sans être d'impossibles gratte-ciels.
Elle est femme, elle a verni ses ongles, s'accaparant toutes les étincelles de sa beauté, de cette volupté assumée dans laquelle elle s'enveloppe chaque jour, un peu plus ce soir. Fière non d'être le bouquet esthétique de cette soirée, de ce lieu, mais d'être plus belle simplement devant son miroir, mais non pas dans le corps d'une autre, juste révélée par l'amour de son compagnon, heureuse de se sentir plus élégante. Il a suffi de petits détails, d'une prise de conscience, d'un regard nouveau sur elle, de belles paroles, d'autres conseils d'une amie, d'une vendeuse, de complicité avec lui. Imparfaite, sûrement, comme toutes les femmes, surtout quand elle découvre cette silhouette dans son miroir, dure avec elle-même, avec ce sport impossible à gérer dans son emploi du temps, quand elle voit le temps passer, quand elle critique chaque centimètre, chaque longueur, chaque coin et recoin entre les pieds et la tête.
Lui, son homme, là, posant sa main sur ses hanches, avec un bisou dans le cou, il lui a dit ce qu'il voyait à l'instant, son corps, ses chairs de femme, ses courbes, ses lignes, celles qui s'amplifieront avec des talons, celles qui se glisseront sous tel chemisier, tel top, telle jupe, telle robe. Des conseils peut-être, des suggestions pour la laisser libre de ses choix, pour la rassurer surtout sur le potentiel de ses hanches si féminines, si rondes, sur la volupté bien réelle de ses seins, sur le rouge si impeccable de ses lèvres, sur elle comme un tout. Il a ri de ne pas vouloir avoir cette baguette magique qui retoucherait les soit-disantes imperfections, car elle ne serait qu'une autre, fade, stylisée, banale, une copie artificielle. D'un autre baiser, il a posé une jupe en expliquant dans ses yeux, ce qui devient sublime quand elle la porte. Lui, il est devenu un miroir, sans compromission, mais avec beaucoup d'amour, franc et diplomate à la fois. Son reflet est différent, car de ces jours ensemble, un matin, avec leurs tasses de thé, avec un simple geste, un simple pull si confortable, sur ce canapé, il lui a dit cette féminité qu'il voit là simplement. Un geste souple, une mèche de cheveux, une main sur l'épaule, ses jambes repliées sous elle-même, ses petits pas vers son sac à main, ses yeux brillants quand elle cherche, quand elle trouve, le soyeux de sa peau, le soleil qui pose des baisers à travers les volets, son corps en mouvement, le sien uniquement, son esthétisme naturel, ses imperfections certes, mais en premier lieu cette femme, cet amour.
D'elle, de tous les jours, de tous ses choix de mode, il est le gourmand qui savoure sa beauté. Ses ongles vernis, tous les jours, un empreinte exclusive du glamour qu'elle porte nuit et jour. Mais tant d'autres paillettes qui parfois le soir, pour cette sortie à dîner embellissent sa silhouette , qui reste lumineuse dans cette robe noire. Non déguisée, si féminine.
Son amour lui donne son réel reflet, souligne en elle ce qu'il aime, ce qu'il ne voudrait voir changer, car c'est elle qu'il admire. Elle brille à ses yeux, cela la rassure, elle devient source de lumière, confirmée dans ce corps avec lequel elle a longtemps douté. Découvrant avec plus de lux, avec cette force extérieure, qu'elle pouvait être femme, encore plus femme, et que le glamour était son style.
Elle est certainement plus féminine grâce à lui et son regard respectueux, mais avant tout, elle est féminine, car elle est en accord avec elle-même.
Nylonement