Vendredi, comme chaque semaine, je reçois, j'achète mes magazines féminins, mes préférés et les autres, le plaisir des couvertures, les suprises intérieures en feuilletant rapidement devant le rayon. Certes je suis le seul homme ici, dans ce coin, et je plonge dans les pages, entre mode d'été, quelques encarts sur les indiscrétions, celles d'un ventre qui s'arrondit sans le dire, sur toutes les folies de Cannes la semaine passé, les robes et les marches. J'escalade comme chaque année par les thèmes de saison, l'été approche, la météo nous dit même qu'il est déjà là, les régimes et l'épilation entre autres détails pour avoir un corps de rêve sur la plage.
Quelle plage d'ailleurs ?
Je feuillette, je passe sur les publicités pour le divin Oenobiol, pour des bronzages par l'intérieur, pour des crèmes qui vous redonnent vos vingt ans dès vingt-un ans et jusqu'à soixante-dix ans. Sans parler du miroir de vos yeux, et du psy plus utile à certaines. D'autres pages, de rares articles, beaucoup de publicités.
Voilà la page, les pages, indispensables aux hommes, oui les lecteurs confidentiels, qui négligeamment lisent sur la table du salon, ou jettent un oeil sur votre transat, sur votre ELLE, votre COSMO, votre BE, les autres. Rapidement ou en agent secret, dans les toilettes, oui ce lieu mystérieux où les hommes restent coincés des longues minutes, entre besoin pressant et odeurs ... mais toujours avec de la lecture, la vôtre. Mais ne rien dire, il ne faut pas perdre de masculinité en avouant ce doux plaisir ou simplement cette curiosité.
Oui là est le sujet, l'épilation féminine, une quête des énigmes féminines pour tant d'hommes, comme les règles, comme les si nombreuses crèmes de jour et de nuit, et l'orgasme vu et par, pour eux, pour elles. La liste du monde esotérique des femmes leur échappent, ils succombent à la connaissance du graal, car la réponse est forcément là, dans leurs bibles féminines, les magazines.
L'épilation du corps féminin, oh surprise, elles ont des poils partout, enfin suivant les générations, les grand-mères, maman, leur femme, leurs filles, les collègues, les amies. Là et là, non ! ais-ce possible ? Sous les bras, non, comme sur ces photos d'un vieux numéro de LUI retrouvé dans l'enfance, dans le grenier de Papy. Les femmes étaient poilues, partout, quelle découverte alors ! Sous les bras, les aisselles, et ailleurs. La moustache, ah ? puis les jambes, car soudainement on avait oublié les yétis, les copines d'école qui avaient chacune une éducation différente, des origines différentes, des chaussettes hautes à l'époque, et parfois des jambes lisses, parfois pas du tout. Eveil de l'adolescence, des peurs ou des souvenirs devenus plaisirs.
Mais maintenant le standard, est expliqué en long et en large, avec toutes les jambes, toutes les peaux, tous les soleils, pardon toutes les crèmes, et quelques conseils de mode. Epilez et Vivez libres avec vos jambes. Toutes les techniques sont récapitulées, avec les nouvelles de l'année, les prix, les tests, les résultats. Bilan : toutes les journalistes ont des jambes impeccables dès cette saison après tant d'essais de rasoirs, d'épilateurs, de laser, de crèmes, de pince à épiler. L'imaginaire des hommes, mesdames, en prend un coup, car on ressent plus la douleur que le plaisir de passer la main sur vos cuisses, vos mollets.
Une dernière étape attend pourtant le mâle amoureux, la page sur l'épilation intime, la vallée des délices, celle des rêve. Ici on rentre dans les détails, les témoignages, les indiscrétions, de bon ou mauvais goût. Tout sur les formes, les tendances, oui le retour du poil, mais aussi l'influence des vidéos, la culture hygièniste, les jeunes et les moins jeunes. Chacune donne son point de vue, le fait pour elle-même ou pour lui, pour elle, pour l'autre. Ticket de métro, terme très relatif à l'heure de la carte navigo (pour information anecdotique, bien plus large), le "i", le "v", les variantes de saison, comme le coeur pour la st valentin, les teintures (oui, cela existe), la forêt vierge (sans tarzan) dans la vallée, ou la déforestation totale, l'intégrale brésilienne.
Après cette lecture, vous aime-t-il encore ? oui. Différemment ? oui !
Car au-delà de la beauté du poil ou du sans poil, il y a les douleurs et les techniques, l'entretien, la repousse. Mais surtout il y a une approche de l'intime, de cette porte, de ce jardin d'eden avant votre paradis personnel. C'est si proche de vous, que cela pourrait être en vous, comme votre coeur, ses palpitations. Choisir mais ne pas suivre la mode, car finalement c'est pour vous, c'est vous.
Il manque la débat, déjà lu, entre la vision féminisme de la valeur de son corps, et l'histoire revue par une sociologue qui démontre des liens entre les poils et nos sociétés dans le temps. Faites votre choix, moi j'ai fait le mien. Celui d'apprécier la féminité, avec un jardin où le gazon, est lisse comme celui d'un superbe green de golf.
Promis la semaine prochaine, je ne lis plus que les pages mode et cuisine. Tant de détails sur votre mise en beauté est presque effrayant, fantastique, mystique, votre jardin secret.
Que la féminité reste votre alchimie personnelle, celle de vos choix.