"J'aime les bas, oui, je les aime, madame".
Je venais pour la première fois d'exprimer cette évidence comme une faute, comme une justification. depuis des années, je vis avec cette envie, ce désir quotidien comme une drogue totalement douce, mais sans la sensation de manque. Certes je ne ferai pas ma vie dans un coin du monde sans femmes, ou du moins où elles ne peuvent se montrer librement, vivre librement. Pour deux choses, je suis gêné, pour leur liberté, qui me paraît être un droit fondamental d'égalité entre Femmes et Hommes. A notre époque, il ne devrait plus se trouver de coins, de pays, de villes et de communautés fermées à une évidente égalité, et si il devait exister un déséquilibre, il devrait être vers les Hommes, car l'origine du monde, qui nous multiplie depuis la nuit des temps, est un corps de Femme. Elles procréent, elles créent le monde avec force, avec résignation mais surtout avec Amour de leurs enfants, de nos enfants. Ce premier point étant essentiel, je serai donc gêné par un second point très "égoiste", leurs jambes me manqueraient, mais plus globalement, vos petits gestes quotidiens, vos oublis, vos références différentes des Hommes et surtout cette sensibilité à votre comportement, vos mouvements, votre être et votre paraître.
Avec cette femme, en tailleur type chanel, la veste était posée sur la chaise, le chemisier de satin vert empire brillait de mille reflets par la lumière de la fenêtre de ce quartier résidentiel. Une belle femme, quadra ou quinqua flamboyante, avec les mains posées calmement, un stylo plume en main, mais sans mouvement.
Elle m'écoutait. J'étais là pour comprendre une part de ma vie, la seconde moitié après mes récents quarante ans. Où allais-je me perdre dans le labyrinthe de la vie, du couple et du travail, maintenant que je pouvais regarder et commenter mon passé.
J'aime les jambes des femmes, j'aime le rapport entre mes yeux, et vos courbes dans l'espace en 3D. J'aime l'immobilité de vos jambes croisées, en attente sur un banc public, dans une réunion toujours trop longue, mais aussi sur une sanguine du maître Volti. Mes yeux, usent et abusent de leur sens, de la décomposition anatomique des muscles, mais surtout du sens artistique des lignes qui deviennent tangentes à chaque arrondi, qui fuient derrière une ombre, et renaissent d'un petit creux long d'une cuisse, et s'évaporent derrière vos fesses. J'aime le point de départ ou le point de fin des pieds. Eternel retour pour le regard, qui repart à reculons ou relance une autre glissade sur une ligne de dessin de votre cheville.
Oui, il y a des finesses, et des rondeurs, et chacune recèle son rythme de courbes, et sa fréquence de mise en mouvements. Je suis fasciné depuis toujours, et je pense, pour toujours !
« Ce qui m’enchante dans un corps de femme,
ce sont les rythmes et les volumes ».
Volti
Artiste-peintre, Sculpteur (1915-1989)
Musée Volti de Villefranche-sur-mer