Déjà l'oublier, cette personne que j'avais aimé, de ma jeunesse, de ma naïveté, de ma vie et de mon coeur d'une époque qui reste maintenant derrière moi. Certes nous avions vieilli, entre les enfants, la maison, les boulots, la crise et tant de virages contrôlés, de dérapages plus ou moins négociés, nous n'avions plus rien à nous dire. Il était parti, je l'avais quitté.
Une situation difficile à gérer, une décision lourde à prendre malgré des enfants partis depuis longtemps, vivant leurs propres vies, leurs propres mariages, mais sans attachement, j'avais dû me battre avec moi-même pour défendre mon choix.
Comment rayer une situation matérielle, une vie et tant de souvenirs, juste en quelques phrases, juste comme cela ? Il fallait construire demain, et finalement peser le pour et le contre. Comme tant d'autres amies avant moi, et déjà je n'avais pas su trouver les mots pour les aider, alors pour moi. J'avais envie de liberté, de nouveaux espaces pour respirer, de continuer mon travail, surtout les nouveaux défis actuels. J'aimais cela, j'étais encore si active.
Mon corps avait changé, les kilos s'étaient installé, une négligence, des hormones et puis le poids de la vie, d'un amour mort sur le canapé, sans sentiment, sans envie, sans rien d'ailleurs. Maintenant j'avais envie de vivre, de réagir, de savourer tous les instants. Lire, manger, rire, partager avec mes collègues, me faire belle, prendre soin de moi, mais aussi faire l'amour. Un soudain désir venu du fond de mes chairs, une émancipation nouvelle, une liberté de vivre mon corps de femme, de quinqua peut-être, mais bien de femme élégante voire sensuelle.
J'avais pris cet appartement, lui laissant le soin de garder son canapé, de vendre tout, de partager l'argent sans odeur et sans souvenirs de notre vie passée, voilà ce qu'il me restait aujourd'hui. Un nouveau lieu de vie, des nouveaux meubles, mes vêtements et moi, tout à contruire, mais avec une joie forte. D'abord un canapé, des chaises modernes, une commode, un vrai dressing monté avec un ami. Mes affaires prenaient leurs places, je disposais quelques bibelots, je rangeais mes tiroirs.
Un grand changement, de taille aussi, de massages et de bien-être, j'avais perdu du poids, refait une partie de ma garde-robe, avec des nouvelles jupes, de nouvelles robes, en osant un brind e transparence, en affirmant définitivement la féminité, ma féminité.
De nouveaux dessous aussi, une intimité nouvelle, un sourire nouveau de femme, de jeune femme dans cet ensemble rose, dans cette nuisette en dentelle noire, des envies girly, des désirs soyeux, des sensations nouvelles avec des bas sur les conseils d'une rencontre récente.
Que la vie est belle, je viens de nâitre femme à plus de cinquante ans.
Ma fille sourit autant que moi de ces changements, elle m'envoit par email les bonnes adresses, une veste, une robe bleue indigo, et surtout notre folie commune, des chaussures à talons.
Vivement demain.
Nylonement