Mon regard passe et repasse, entre les enfants, entre les cris du matin, et les voitures des excités, des trop-pressés, des retardataires. Je suis entre sur-vigilance et cette candeur propre à un retour à l'école.
Chaque année, chaque rentrée est un moment étrange, car les enfants, mes enfants grandissent trop vite, pas assez vite pour eux qui voudraient être grand. De mon bébé, de mes filles , de la petite dernière, aujourd'hui elles sont grandes, elles courent à l'école ou au collège, elles se collent aux autres, s'esclaffent. Quelle fraicheur avec ce soleil de fin d'été, un moment où la douceur devient un atmosphère totale. Point de mauvaises nouvelles, bien loin des informations radio ou télé, ici les enfants aiment l'école, les copains et les copines, les grands espaces et même leurs professeurs. Une rentrée souriante, un peu de moi qui rentre et qui sort de cette école, comme une rosée qui bientôt s'évaporera, mais oui, je suis touché par le temps où tout petit je trouvais mon école maternelle immense.
L'angoisse de me perdre entre la classe et les toilettes, dans les cinq mètres qui les séparaient. L'angoisse de ne pas reconnaître un adulte, de rater les autres activités, la sortie dans la cour, mais aussi fort la récréation pour hurler et jouir des plaisirs des autres copains. Que ces moments étaient INTENSES de vibrations qui formeraient mes rapports aux autres, mais aussi aux arbres, aux dimensions immenses de la cour d'école.
Bien des années plus tard, je suis un papa de famille nombreuse, je marche dans la nouvelle école de mes enfants, c'est beau, c'est arboré, tout est calme, les maitresses d'école sont souriantes, les classes sont grandes et bien équipées. Les enfants sont heureux de vivre dans et avec ce lieu. Je ressens encore quelques vibrations. Je suis un adulte connu de l'école, car j'ai donné un peu de mon temps pour équiper l'informatique de la maternelle au primaire, j'ai gardé deux images de ses moments : la joie des petits à profiter des écrans, des jeux éducatifs, leur prise en main naturelle des claviers et de ce média. Mais aussi ce cadeau immense d'une grosse enveloppe contenant des dessins de chaque enfant pour me remercier, et encore aujourd'hui, j'entend parfois "c'est le monsieur de l'informatique".
Alors hier et aujourd'hui j'ai encore fait ma rentrée et j'ai vu des enfants heureux, une génération formidable, et des mamans heureuses, quelques papas.
J'ai adoré encore cette pureté et ces élans d'envies positives, de créer un monde beau et doux.
Et mon regard ?
Oui, j'ai vu quelques belles chaussures sur des mollets bronzés, une belle femme aux jambes fines, mais surtout tant de sourires. D'émotion ...
Nylonement