Enfin, aujourd'hui, elle sera devant son jury, le dernier de tous ses examens, pour son dernier diplôme. Elle va faire la soutenance de son mémoire de management, elle défendre un travail de cinquante pages devant un trio de professeurs et de professionnels de son secteur.
Elle s'est levé avec un sérieux mal de tête, une crise de doute, un brin de trac, pourtant son tuteur de thèse lui a répété sa compétence, la valeur de son document, sa propre valeur. Il a argumenté, il croit en elle depuis le début. Il a été là pour la soutenir à distance, avec des coups de téléphone longs et complets, des relectures, des corrections, des discussions sur des points à valoriser. Elle croyait en elle mais le travail lui prenait tout son temps, puis les denriers examens de juillet l'avait vidé de toute substance. Elle voulait presque arrêter, si proche du but.
Il lui avait dit d'avancer, de souffler, comme un coach sportif, de prendre deux ou trois week-ends sans pression, pour elle, pour respirer, pour penser boulot un peu, pour penser à elle surtout, mais oublier un temps les études. Elle avait compris son message le second dimanche, dans son bain, délassée.
Elle était sortie pour faire les boutiques, pour voir les vitrines scintillantes des feux de Noel, du vert, du rouge et d'autres décorations. Des paillettes, des petites robes noires, d'autres modèles, des chaussures, elle avait fait un arrêt porlongé pour des bottes, des talons, quelques essayages, des petites choses à noter sur sa liste.
Elle ruminait son oral, elle connaissait le sujet par coeur, car elle avait travaillé plus de six mois dessus durant son stage en entreprise, son BAC+5 au bout de la ligne droite, un dernier sprint. Chaussée de ses talons fétiches, elle poussa la porte, se présenta, posa les versions papiers de son mémoire. L'avaient-ils lu ?
Son tuteur, malgré son statut de juge, lui envoya un clin d'oeil, un sourire avant de reprendre un visage froid. Elle se lança. Elle devenait encore plus femme, indépendante et diplômée elle serait !
Elle sourit à la fin de sa présentation, libéree du poids, de plusieurs années de travail, de nuits et de jours sacrifiés pour arriver ici. Elle se mit droite, se redressa pour aller vers la porte, les laissant délibérer. Libre !
Nylonement