Transparent je suis, immatériel je suis devenu, même si je tiens encore une petite place sur ce coin de banquette, un faux skaï rouge. Mon schweppes-grenadine-pamplemousse est là avec sa paille, dans la musique rockabilly du lui, avec cette foule, ce zinc et ces deux serveurs coiffés de bananes gominées. Mes copines, mes amies sont là, mais elles sont parties dans des discussions de maquillage, parfois un peu de nail art et encore quelques crèmes. Absorbées par leurs envies, par quelques diktats réussis de la publicité, car elles le valent bien. Les références fusent, les sacs à main se dévoilent sur la table, une pyramide de vernis, de blush, de mascara, d'eyeliner de toutes formes.
Est-il possible de mettre autant de tablettes, de téléphones, parfois plusieurs, de pochettes, de toutes tailles, de carnets, vides ou avec trois pages griffonnées, de foulards et de stylos, de maquillage bien sûr, dans un sac uniquement ?
Le comble, les collectionneuses de brosse à cheveux, emmêlés dans le fil du chargeur de téléphone, une, deux, trois, même quatre pour l'une d'elles. Je regarde les mouchoirs et autres cotons démaquillants, les rouges à lèvres, les poudriers, et d'autres petits miroirs de toutes formes qui se montrent ce soir. Je regarde, oublié avec ma paille, mon statut d'homme, hors compétition.
Alors mon regard porfite de ce bar vintage, de ce lieu où les objets de nos séries télévisées passées se retrouvent : des vieux téléphones à cadrans, des vinyls, des fauteuils, des lampes, d'autres détails de décoration entre les années 50 et 60, avec parfois une folie du vintage coloré des années 70. Le public est majoritairement composé d'habitué(e)s, qui jouent le jeu de venir en tenue d'époque, en particulier pour les jeunes trentenaires de cette grande table.
Certes le néo-rétro facilite le choix de la mode, car dans les chaînes actuelles, avec leurs collections de tentations sans cesse renouvelées, on peut trouver des robes sixties neuves, des coupes similaires, des matières parfois plus agréables aussi.
Mais ici on échange aussi des adresses, parfois même les patrons organisent des défilés vintage avec pour sponsors des boutiques spécialisées sur le sujet. On vient, on boit, on écoute le son de ses belles années-là, du français, de l'anglais, et puis on essaye derrière un paravent d'époque, on défile, on crie, on siffle, on partage la joie ou la surprise de certains modèles.
Tout cela dans une atmosphère bon enfant, les âges se mixent, souvenirs ou nostalgie, simple rêve ou partage de vieilleries du grenier de mamie, chacune donne sa version, et moi, dans mon coin, je déguste les coiffures, les rouges à lèvres si clinquants, les talons conquérants, les robes féminines.
Chacune rivalise avec sa tenue, avec les efforts pour paraître vintage, pour assoicier au mieux le sourire et les étincelles du glamour. On aime le vintage, le beau et le futile, les bas coutures et les jolis sacs à main, parfois on danse, la vie semble aussi heureuse que dans ces années de pleine croissance. Une joie de vivre rare de nos jours, un bonheur contenu drerrière la vitrine, l'été jusqu'à la terasse. Tout est là, bouillonnant de robes, de jupes "corolle" ou "crayon", de chemisiers, de dentelles, de chapeaux et de gants. Oui je les avais oublié dans ma liste sans fin, car il ne manquait plus que le parapluie et la lampe de salon, pour croire qu'elles avaient toutes des sacs de Mary Poppins.
Le cocktail sucré et amer emplit mes rêves, la musique accompagne les rires, les exclamations, tout ce tourbillon vintage est pourtant si actuel, mais son coeur est passion à travers le temps.
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