Ma fille je dois te dire.
Nous avions décidé de faire les soldes ensemble, elle était venue avec une amie, pour que cette séquence shopping entre "filles" soit une journée de soleil. Il faisait froid, les soldes d'hiver, un manteau, un planning plus ou moins établi, et puis l'envie, ce plaisir de marcher ensemble, de traverser les rues, sans regarder, avec un large sourire vers les conducteurs, de croquer l'insouciance, de s'asseoir pour boire un café, un chocolat viennois. Nous en étions d'ailleurs là, sur cette terrasse chauffée, avec déjà quelques sacs à nos pieds.
"Maman je dois te dire". Ma fille parlait, elle était rayonnante, je ne la voyait que si peu, elle vivait en province, depuis ses études de droit, trop loin pour se voir plus souvent, d'autres enfants, une vie remplie, on se croisait une dizaine de fois dans l'année, on utilisait internet, les sms et les emails, et des heures au téléphone certains week-ends.
"Maman je dois te présenter Séverine, elle est mon amie, enfin ... ma petite amie. Enfin tu comprends." J'ai souri car j'avais compris depuis quelques années, pas de mâle ou de petit ami, juste des copines, trop de boulot, l'excuse, bref, j'avais fini par comprendre.
"Je suis heureuse pour vous, je suis heureuse pour toi ma fille. C'est ... c'est ... formidable" je ne trouvais pas mes mots, non par un jugement et une fausse impression, ni par mensonge, j'étais simplement émue, oui profondément heureuse de leur bonheur, comme pour les petits couples avec mes fils.
Elles se sont rapprochées, s'évitant malgré elles durant le shopping, je sentais les mains voulant se tenir, et puis réfléchissant.
"L'année 2013 sera encore plus belle ainsi. Mesdemoiselles, je suis follement heureuse de cet amour, d'ailleurs depuis quand, allez dites moi tout, je suis maman et belle-maman." Nous papotèrent assez pour passer du petit déjeuner de matinée au déjeuner avec deux desserts et deux cafés. Elles se libérèrent, l'une et l'autre, amoureuses, joyeuses.
"On voudrait se marier, mais à défaut, se pacser."
J'hurlais, oui, j'éclatais comme un bouchon de champagne, une fête, un mariage, entre deux amours, deux soleils devant moi. Elles étaient si belles, si éperdues l'une de l'autre, je voyais la femme, plus la jeune femme, encore moi la jeune fille, et surtout je ressentais son relâchement, cette sérénité, ce bien-être partagé. Elles riaient au diapason, en totale harmonie.
Nous avons parlé de tout, de rien, de leur vie, de leur appartement, une colocation que je comprenais mieux maintenant. Elles me parlèrent de leur joie, de leurs passions communes, un peu des parents de Séverine, au courant depuis quelques mois, plus rétifs au début, heureux eux aussi du bonheur de leur fille maintenant.
Nous sommes reparties pour les soldes, entre boutiques de lingerie et de chaussures, nous avons fait un casse sur les bottes, elles sont très féminines, l'une et l'autre, deux beautés. On a ri, plus encore, on a parlé, elles étaient main dans la main.
"Ma fille je dois te dire, ta grand-mère quand tu l'a connue, toute petite. Elle vivait dans cette maisonde province, vers Tours, avec la Tante Agnès. Te rappelles-tu ?" Nous avons parlé de souvenirs, de repas dans le jardin cernée de mille iris, de ses deux grands-mères, de ses deux femmes âgées.
"Eh bien, ce n'était pas une tante, c'était sa petite amie, mais par convention ... enfin l'époque ... enfin tu comprends." Elles ont souri. La journée ne fût pas assez longue avant, après le dîner du soir pour discuter encore.
Mon mari, lui, il a baissé la tête, s'est levé en silence. Il a disparu, on a continué à parler, et quelques minutes après, il est revenu avec quatre flûtes, et du champagne. "Ma fille, Séverine, je suis heureux pour vous. Et si vous voulez vous marier, je vais commander d'autres bouteilles."
Cette vidéo m'a tiré des larmes de part sa beauté,
et l'amour qu'elles dégagent
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