Prendre le temps de se poser dans un coin, enre la lumière derrière la vitre, la rue, et cette table avec un chocolat chaud. Simplement regarder la vie, aspirer les mots des tables voisines, des expressions, des attitudes, des instants courts de vie.
Voir la mode, celle de chacun des hommes venus ici, entre le livreur qui vient de finir son boulot depuis Rungis dans la nuit jusuqu'au petit matin, en passant par l'habitué avec sa casquette, son air grincheux qui cache un coeur d'or, en offrant un sandwich en sortant au type sur le trottoir d'en face, et avec une foule d'autres figures. Un jeune cadre, étudiant encore il y a peu, avec ses habitues lui aussi ici, il cherche un miroir, demande à la patronne un peu d'aide pour nouer sa cravate, avale un café serré et court vers le métro tout proche. Une belle entrée, un édicule, héritée de Guimard, cet artiste de l'art nouveau qui a donné à Paris cette touche d'histoire si élégante avec des formes entre nature, lianes et fer forgé.
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Voir la mode, celle des femmes assises le plus souvent derrière une table, juste une rapidement au zinc. Un verre de blanc, une dose pour la rassurer ou une troublante habitudequi cache une addiction, elle est déjà repartie. Les autres, elles posent leurs manteaux, profitent de la douce chaleur du lieu, pour un café, sans croissant, un cappuccino aussi, un expresso pour la dame du fond. Une vieille dame emmitouflée dans un gros pull, avec son coin pour sa gabardine, sa lampe tournée vers le journal, le garçon la tutoit, ils papotent sagement, de la météo, des nouvelles du monde, du quartier aussi.
Deux élégantes rentrent, une bobo avec sa robe en laine un peu déguindée, un collant en laine fine et des bottes fourrées plus vraiment tendance, sa copine plus fraîche avec une tunique mixant du liberty ave un jersey zippé en diagonal, un collant de couleur, des bottines, et un débit de paroles incroyable. Tout y passe, les vacances récentes, le boulot impossible, les collègues relous, les jalouses, la mode trop chère, l'amour en zigzag avec machin, la dernière soirée en boîte, le prochain plan pour demain soir. Les épaules nues, les bureaux doivent être quand bien surchauffés. Elles échangent leurs visions du monde, en buvant un thé et un café éthique. D'autres s'ajoutent, des tenues de modeuses, des effets du soir pour un dîner, leur nuit a-t-elle été trop courte. Un défilé, un dressing de styliste avec des motifs, des carreaux, mais toujours en version été, pour un mois de novembre. Seuls les collants opaques rappellent la saison.
La dame âgée au journal les regarde comme des extra-terrestres venus boire un bidon d'huile de vidange, j'aimerai bien savoir ce qui passe dans ses pensées.
Je feuillette mon magazine de déco, je note sur mon calepin quelques anecdotes, je bois mon chocolat chaud. La rue laisse passer son flot de mode, je vous en parlerai prochainement.
Nylonement