Dans un instant mélancolique, face à ce clavier, là où je libère mes mots, je me pose parfois des questions, je donne quelques réponses ou peut-être je me cherche tout court.
Une tasse de thé, des carrés de chocolat qui peuvent disparaître en quelques minutes ou restés plusieurs jours sans être croquer, je tourne un livre, en regardant les autres, les différents sujets qui composent le puzzle de ma vie, de mes connaissances. Posés là, lus ou prochainement en lecture, je peux en commencer plusieurs, en finir certains en quelques heures, d'autres en plusieurs mois, mais je dévore des tonnes de phrases, des fleuves de mots. Concentrés, ils sont sources d'une énergie indispensable à mes pensées, à mes rêves, à mes nuits courtes, compagnons de mes insomnies. Ah les complices de mes douleurs !
Heureusement il y a aussi les douceurs, une lettre, et tant de déclinaisons entre le noir et le blanc, le sombre et le brillant. Mais je n'ai jamais su pourquoi le monde cherchait à se goinfrer d'argent et de pouvoir quand l'amour de l'autre offre un bonheur bien plus immense, des sourires bien plus nombreux et une richesse intérieure sans limite. Je n'ai jamais su quoi répondre à des aventuriers de la médiocrité, persuadés de leur bonne volonté. Et il y a tant de sujets ou de projets où je n'ai jamais su.
Savoir, comprendre et plus encore affirmer avec une pleine assurance, je n'ai jamais pu en être totalement sûr.
Alors comme une étincelle, j'ai suivi le temps, suivi le vent pour me cogner aux vitres des endroits trop fiers d'être fermés, aux portes devancées d'escaliers trop hauts pour être humains, aux esprits trop forts pour avoir connu le mot "ouverture".
Là devant moi, je suis resté plus fragile, peut-être blessé, devant eux, désarmé aussi, pour poursuivre mon chemin, celui de la vie.
Et si mon corps devait s'écrouler, ronger par la maladie, je reste debout, plus fort encore avec mon regard, fier de n'être plus qu'un esprit contemplatif.
Romantique à défaut d'être un orgueilleux financier, poétique malgré moi, car je ne peux qu'adorer les silhouettes féminines, parfois au pire rire d'une faute de goût, mais toujours me rassasier des allures naturelles, de votre mode, de vos féminités. Mais je n'ai jamais su pourquoi, quelle alchimie ? à moins que ce ne fût une hypertrophie de sensibilité ?
Amoureux car la douceur se transforme parfois en belle rencontre, une fin d'après-midi, sous un crachin malin, dans une foule inconnue. Improbable croisement, suggestion de points communs, sourires et incertitudes, d'ailleurs aucun de nous deux venait pour connaître l'autre, mais pour voir cette exposition, se parler tout au plus. Mais là je n'ai jamais su ce qu'il se passait déjà.
Troublé, toujours moins quand nous nous sommes revus, en terrasse, dans des expositions, que nous avons parlé de tout, de rien, d'elles, ses filles, d'elle plus discrètement, elle s'était mise de côté depuis si longtemps. Je n'ai jamais su lui dire, car je ne savais pas encore, mais je lui ai pris la main, simplement. Nous n'avons jamais changé cela, notre complicité est née, a grandi, sans jamais vouloir savoir, car nous aurions perdu l'étincelle peut-être, de cette frêle flamme. Peut-être avions nous peur tous les deux de ces sentiments ?
Amoureux, je n'ai jamais su lui dire pendant de longs mois, doutant de moi, ne voulant lui dire, ne voulant y croire, ne voulant la blesser, ne voulant qu'être au final qu'un tout petit message pour enflammer sa féminité. Je n'ai jamais su si aimer était le mot juste, si mes épaules auraient assez de force pour supporter nos palpitations.
Mais l'histoire serait trop longue, les mots trop nombreux, car un jour j'ai su lui dire, lui répéter "je vous aime".
Pour elle, uniquement elle, avec un bout de moi qui bat pour elle, avec son parfum qui flotte près de moi.
Un petit air de printemps
Nylonement