Elle avait tout plaqué pour lui, elle travaillait dans un grand cabinet d'architectes comme associée. Elle concevait des immeubles de bureaux, parfois des rénovations et embellissements intelligents, des monuments historiques. Le contact avec le terrain l'amenait un peu partout en France, au-delà des frontières. Entre deux visites de vieux châteaux français nés de la folie d'une famille riche, elle visitait souvent la région, les musées des traditions locales. Ce jour-là, au fond d'un jardin, marqué de platanes grisonnants, de grands arbres comme des cèdres bleus, elle avait pris une pause dans l'ancienne orangerie des lieux. Un soleil d'automne passait dans son cou, chaud, chaleureusement calin avec son corps, elle posait son regard sur les alignements de buis taillés, en grands pots, marquants les parcelles de dahlias colorés. La porte de l'orangerie s'ouvrait à elle, une exposition de peinture, des paysages tourmentés, du soleil dilué, forcé dans ses rougeoiements, et quelques nus féminins.
En se penchant, elle ressentit une présence, il était là derrière son chevalet, dans un coin plus lumineux, posant son inspiration sur la toile, chevauchant les arbres, créant la fougue calme avec quelques touches de couteaux, ici et là. Elle marcha vers lui, flânant faussement pour ne pas le troublé. Il était sorti de sa bulle aussitôt pour elle, surpris, non bien plus, fasciné par son élégance.
Ils avaient parlé avec de longs silences, comme des notes éphémères d'une partition de musique qui cherchait son rythme, annotée, corrigée, raturée à peine, inspirée. Que de sourires et de soudaine complicité, elle l'avait quitté, roulant vers son domicile, avec dorénavant un détail différent, un coup de foudre brûlait en elle.
Une semaine après elle acceptait ce chantier tout proche, sans raison professionnelle, mais pour être plus proche de lui, l'apprivoiser. Elle avait pris une tenue plus classique, plus adaptée aux visites de chantier, en jean, avec sa veste souple, parfois son perfecto, les ouvriers l'appelait la "l'archi-rockeuse". Elle s'imposait du sol au plafond, dominant son mode de mâles. Mais le soir elle passait dans son atelier, au premier étage de l'orangerie, elle devenait la muse.
"Non, s'il te plaît, pas avec ce cuir, ni ce jean. Je ne te vois plus quand tu es ainsi."
Elle avait exquissé un soupir avec ses lèvres souriantes. Se lovant entre lui et un miroir.
"Montres-moi tes jambes, marches librement, mes couleurs suivent tes mouvements"
Prenant place, changeant de canapé en fauteuil défoncé qui trainaient ici et là dans l'atelier. Elle l'hypnotisait, dominant son mâle, avec une seule ligne, la couture de ses bas.
"La féminité s'écrit sur deux lignes."
Nylonement
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