Quand la chaleur est là, l'été serein d'être dans sa saison, dans nos maisons, je peux faire une pause. Reprendre sans nostalgie, le cours de ma vie, celle de mes doutes, et finalement en faire un petit bilan positif, le négatif, je tente de l'oublier. Loin de moi, avec ma tasse de thé qui a refroidi, quelques cerises posées, je ferme les yeux.
Finalement j'ai toujours été romantique. Amoureuse des petits robes d'été quand j'étais jeune, de cette légèreté qui m'amenait vers des dîners amoreux avec d'autres personnes, pas toujours les mêmes, d'ailleurs pas toujours sur la même envie. Moi j'avais des désirs, des sourires qui me faisait changer de route, des caresses sur le bord de la main qui m'électrisait totalement.
Et puis des fleurs, celle qu'il posait sans me dire le matin, avant de partir travailler, avec quelques mots, avec un petit-déjeuner préparé, avec une baguette beurrée comme j'aime. Simplement là, à boire son jus d'orange, mon jus d'orange, goulument, avec la bouche débordante de saveurs, d'odeurs des fleurs. Il n'était pas loin.
Et puis doucement, au rythme de mon travail, de sa mise en place, du transfert des autres vers moi, avant que cela en devienne de moi vers eux, j'ai appris. J'ai grandi, j'ai mûri un peu, pas trop, pour rester frâiche sans rester jeune. J'ai aimé mon corps après l'avoir détesté comme toute personne adolescente. J'ai senti mon corps se révéler avec leurs mains, avec les épicuriens, avec les amies, les autres amis, les amours, je ne savais lesquels aimé. J'ai d'abord dégusté leurs corps, car il donnait un sens au mien, plus fort, plus sensible, et surtout enfin plus expressif.
Naturellement, sobrement, j'ai crié une première fois, j'ai pleuré une première fois, j'ai aimé à faire battre mon coeur plus fort, intensément.
Une explosion romantique.
Une vibration unique.
Puis le temps a pris le dessus, la vie a défilé, les enfants sont venus, ont grandi, j'ai rien vu venir, je l'ai vu partir, je suis tombée, je me suis relevée, je me suis réveillée. Dans un canapé, devant un ordinateur, entre deux passages de mes enfants heureux, de mes ados perdus, de leurs amours diffus, j'ai appris encore, j'ai souri pour ne pas leur transmettre mes doutes, ne pas non plus croire avoir la science totale, mais sans mélancolie, j'ai donné des mots à mes émotions. Je leur ai donné du romantisme, ce ptit plus qui est bien là en moi.
Sensible, j'ai pris du recul, j'ai regardé ce monde avec un coin de lune perchée dans le ciel, plus haut, au-dessus d'eux, m'observant au passage. Heureuse de mon corps, avec des mauvaises habitudes que je ne changerai jamais, massage hebdomadaire, chocolat noir en rentrant, j'ai trouvé mieux encore, pire encore, je suis tombé amoureuse.
Compliqué dans sa position, radieuse avec lui, tendre avec cet homme fragile, sensible, il est devenu une part de moi, et réciproquement. D'ailleurs parfois, je ne sais pas s'il n'est pas plus épicurien et gourmet que moi, plus féminin que je ne le suis, d'ailleurs qui est qui dans un couple romantique ?
Nylonement