Un souvenir du dernier été ?
Nous étions sur une terrasse, un nouveau studio avec ce bonus magique, une amie nous avait recruté pour l'aider à sinstaller, j'avais apporté des fleurs, des pots, des lampes comme dans l'émission de télé pour égayer son coin de ciel bleu. On avait fini, les bras un peu fatigués par les cartons, les étages, l'ascenseur trop petit, mais une franche rigolade depusi le matin. Alors à quatre, autour d'une salade d'orechiettes froides, avec du basilic et de l'huiel d'olive, deux bouteilles de champagne, et des coussins pour tous fauteuils, nous refaisions la vie.
Le dernier été, celui de ma fin d'études, de mon voyage aux USA, de stages et cours complémentaires à l'université, j'avais postulé pour un bénvolat dans une association locale. Un organisme qui transformait les toits terrasse, moches le plus souvent, mais accessibles et en plein soleil, en mini-jardins. Soit pour les propriétaires ou les locataires qui devaient s'en occuper un peu, soit les récoltes allaient à des soupes populaires pour les sdf des rues avoisinantes. Une ambaince très bobo et écolo, des intégristes et des rêveurs, j'avais rigolé de leurs approches si différentes, voire opposées au-dessus d'une salade, en cueillant des radis violets ou des carottes jaunes, chacun donnait sa version de son écologie. Un développement durable réaliste car ses espaces procuraient une interaction réelle avec l'air, bon ou mauvais, le débat était grand sous la pollution de la grande ville, mais les abeilles venaient sur nos framboisiers, sur les fleurs, et au-delà de la nourriture, des salades et des soupes, nos légumes apportaient du bonheur et du lien entre les humains.
Ainsi sur ce toit, j'avais succombé aux yeux gris de ce jeune dans sa salopette en jean, le tee-shirt trempé d'avoir monté seul les sacs de terreau. Comme une publicité, et moi, la petite frenchie totalement conquise, in love de l'étudiant. Certes il avait un sourire mordant, des épaules rodés par le football américain de son université, mais j'aimais le cliché.
Et le soir, face à notre jardinet fraîchement planté, je suis resté avec lui, pour discuter de tout, de rien, de la vie, du ciel, des étoiles, de la ville, de la vie encore, de l'amour aussi.
Souvenir et légers soupirs, les copines ont hurlé pour connaître la suite, j'ai ri, j'ai rougi, elles s'attendaient à des détails coquins, une confession d'une chatte sur un jardin, sur un toit. Rien en fait, car étaler la terre, biner, concasser mes mottes, planter, nettoyer et d'autres activités ont fait que malgré son charme, je me suis endormie là, sans me souvenir de rien, ni même de l'avoir écouter et d'avoir couper le son, l'image. Piètre soirée, et je ne l'ai jamais revu. Un léger frisson en me réveillant, la ville à mes pieds, le tête contre la margelle de bois, ma salopette et mon top étortillé, un frisson avec la fraîcheur du matin d'été.
Mais cela ne vous arriverait pas à vous, non, jamais !
Nylonement