Ruisselante, je suis enveloppée d'eau, de vapeur, de cette douche tiède si agréable sur le peau.
Ruisselante, je l'étais aussi cet après-midi en rentrant du travail, avec cet orage si soudain, dépassant encore la météo, après les simples averses, voici la version tempête en ville. Mon trench, mon petit parapluie n'ont rien pu contre le flot de gouttes et de coups de vent mêlés. J'étais trempée.
Alors je savoure, mon coin douche, tout neuf, avec des mosaiques de carreaux bleus de différentes teintes, des camaïeus de couleurs, des variantes si douce avec la lumière du soleil à travers cette fenêtre translucide, un nouveau cocon de beauté avec ce miroir, des tablettes pour mes milles et uns accessoires de maquillage, houpettes et pinceaux, crèmes de toutes tailles, rouges à lèvres, mascaras, tout est là pour ma féminité. Pas ma nouvelle féminité, mais ma nouvelle liberté, celle d'une une femme divorcée, libre de lui, de son emprise et surtout de notre dégoût commun de l'un et de l'autre. C'était si pesant, et pourtant j'entendais encore les "vous allez si bien ensemble." Des aveugles ou des extrémistes polis, car nous étions ensemble, les enfants presque partis, faisant leurs études ailleurs, et nous, plus rien. Plus de passion, ni de point vraiment commun, et puis lui, mou sur ce canapé, mou de tout d'ailleurs.
Alors que je continuais à travailler, ma vie active, en tailleur et jolies bottes avec ce temps chagrin, lui ne me voyait plus passer, ni aller, ni venir, ni même partir d'ailleurs. Un soir, je lui ai dit, tranquillement, que j'avais un nouvel appartement, un nouveau point de chute, mais surtout un nouveau point de départ.
La vie s'est arrêtée quelques jours, pour lui surement un peu plus, car les petits plats ne sont plus arrivés sur sa table, ni même son linge. Je suis repassé checher quelques affaires, dans cette maison que nous vendons, qu'il habite encore, c'était une caricature de l'homme retraité en détresse, un faux air de Derrick dans le mouvement, voire même dans la teinte verte de son corps mou.
Ma vie a repris, avec de nouveaux repères, une nouvelle féminité, par pour plaire à un autre mâle, je suis en période de désintoxication ;-))) mais simplement pour moi. Sereine devant mon miroir, avec mon corps, celui d'une jeune quinqua, belle avec des formes, mais assumant cette silhouette, c'est moi finalement. Je ris chaque matin en me maquillant, en me faisant belle, pour me voir, pour mieux respirer, pour me glisser dans une robe ou dans un tailleur pantalon. Je succombe encore plus aux jolies chaussures, une saine addiction.
Je vais bien, et si demain, des regards se posent sur moi, je serai libre d'y répondre, de vivre encore de belles années, de sourire, de voir du ciel bleu, enfin dès que la pluie sera partie.
Nylonement