Là, maintenant, je vais me mettre nue, face à lui, avec lui, dans ce lit. Et si je ne pouvais pas. Ce n'est pourtant pas la première fois, vraiment pas. Mais c'est différent, mes émotions s'entrechoquent, je suis dans la salle de bain à moitié nue, à moitié habillée.
Pas un blocage, juste une rupture, dure, cruelle et apparemment sans issue, une blessure si forte qu'elle m'a fait rejeter tous les hommes, même ce super copain, même des amis ou des collègues. Je n'avais plus confiance. Il a fallu que le temps laisse des longueurs réelles entre lui et moi, des mois, deux années, presque trois, pour que tout cela devienne souvenirs, difficiles mémoires. Tout cela aurait été si beau, avait été si destructeur ensuite.
Alors quand je l'ai rencontré, derrière le bar, dans un café branché, où l'on discutat entre copines, je n'y ai pas cru. Je l'ai pas vu, lui et surtout mes amies beaucoup plus. Son regard en posant ce jus frais de pamplemousse, de grenadine et de schweppes, et des crackers japonais au wasabi. C'était brûlant dès le premier regard sur lui.
J'avais soudainement chaud sous mon pull fin, dans ce tailleur plutôt classique. Un peu décalé pour un moment de happy hours, mais plaire n'était plus mon souci, je m'habillais pour moi, pour le boulot et le reste du temps, je jouais le casual chez moi, seule. Ma féminité, ma séduction, je les avais rangé dans un tiroir, bien au fond de mon coin dressing, loin de mes pensées. Loin de moi.
Son regard, il faisait son service et pourtant, de table en table, dès que je relevais la tête, il me souriait. Force était de le voir, de le suivre, et de découvrir un type au physique sympa, un beau gosse, mais pas aussi dragueur que d'autres serveurs. Discret, rapide, nous avons bu, grignoté ce soir-là, lui assurait le ravitaillement de nos tables avec efficacité. Rien de spécial finalement, deux personnes, au milieu d'autres gens, de verres, d'alcools, de petits plats et de musique, deux émotions. Mais en fin de soirée, j'ai osé le truc impossible, enfin j'ai pas osé. Alice, ma copine, lui a laissé mon numéro, car jamais je n'aurai vraiment osé. Blocage peut-être, comme là maintenant.
Car depuis, nous nous somems revus, nous avons dîné, nous avons discuté, découvrant un type simple, réellement sincère et qui a ttendu deux rendez-vous avant de m'embrasser. Des mots, des sentiments, des balades de jour, de nuit après son service. Et ce soir, je l'ai ramené chez moi. Sans savoir, sans calculer, juste prise par le jeu de mes palpitations, de cette envie de l'embrasser devant tout le monde, d'être un peu en manque de lui en l'attendant. Oui je crois l'aimer, je suis sur le chemin malgré ce refus ancré en moi.
Il m' a toujours vu soit en tenue de travail, tailleur gris strict, ou en pull et jean. Et pourtant je peux, je suis plus féminine. Victime de ce repli, de ce conflit en moi, je refuse de plaire, d'être l'élégante que je fus.
Pire encore, je vais me mettre nue, face à lui. Je sais qu'il ne m'a rien demandé, rien exigé, rien suggeré, mais j'ai envie de lui. Laisser mon corps, ma peau afec à lui, oser ce passage à l'acte, briser cette frontière. Vais-je oser ? Pas de copine, beaucoup d'envie, et tant de doutes. Je laisse ma jupe à terre, je tire sur le pull. Une sobre culotte en coton, rien d'aguicheur, et puis mes dessous sont dans la chambre. Que faire ?
Juste respirer, pousser la porte, se blottir tout contre lui. Juste comme je suis !
Amoureuse de lui !
Nylonement
Octobre rose 2014