Encore un matin calme ou stressant en allant au boulot.
Mon regard se perd sur le chemin, derrière la vitre, sur cette jeune femme, elle marche le long de la route, sur la piste cyclable, avec un tee-shirt blanc qui vole sur le haut de son slim noir. Elle est légère, elle est belle, elle a une veste de jean, râpée, usée, peut-être celle de maman, avec des fleurs en tissus accrochées dessus. Elle marche, elle écoute son MP3, le fil sort de son sac à main, une longue besace de cuir, molle et souple. Violet comme un souvenir délicat d'un monde de filles, elle farfouille, elle sort son blackberry, elle pianote d'un doigt. Une amie, des sms, un peu d'insouciance, le monde est beau, c'est le printemps. Il fait frais ce matin.
La route tourne, le soleil sort derrière les arbres, darde son feu de lumière, il irradie positivement notre monde.
Mon regard passe, sur elle, cette femme quadra, seule, depuis vingt minutes, après avoir laissé ses deux derniers à l'école, son ado se débrouille pour le collège. Elle a mis une tunique crème, presque couleur nude, un doux mélange de dentelle anglaise, un coton léger, une superposition de vaporeux. Elle est bien, avec ce legging vaporeux, fait de bandes de dentelle en alternance, une découverte Catgirl. Sa grande fille lui aurait bien piqué pour sortir avec les copines, mais là non, c'est à moi. Complicité d'une garde robe, de deux copines, d'une mère d'une fille. Elle regarde sa montre, elle marche sur ces talons, fines brides, petit compensé, elle réfléchit à sa réunion avec le banquier, enfin sa banquière. Deux femmes élégantes pour parler création d'entreprises ! Son téléphone sonne, il est probablement au fond de cette pochette vernie, orange, elle l'ouvre, elle marche , responsable, fière, libre. Ses jambes portent un voile léger, brillant, des bas. Elle pense aussi à ce gilet léger oublié sur la commode, en habillant le petit. Il fait frais ce matin.
Mes yeux tournent, contournent la route, ces espaces libres, ces paysages, ces moments de ville, monotone mais bruyant, vivant.
Elle avance, seule depuis le départ non souhaité de son fidèle mari. La maladie est une salope qui vous dévore, vous ignore, ne vous respecte pas. Seule elle revit doucement, heureusement ses petites filles lui envoient des textos, des sms, des messages, passent la voir. Elle les adorent ses petits-enfants, sa fille, ses copines, cette entourage qui fait la vie. Elle marche, ce printemps tombe au bon moment, pour se gorger de soleil. Elle a mis sa robe, pas un "vieux truc de Mamie" (dixit sa petite fille, un peu modeuse), non une robe souple en jersey, un motif presque liberty, plein de souvenirs 70s avec. Elle aime s'habiller pour le séduire encore là-haut. Ne pas baisser les bras, mais faire lever les yeux. Elle a mis un collant satiné, couleur chair, quarante deniers pour gommer les imperfections de l'âge, mais séduire encore. Et puis ce matin il y aun vent léger. Il fait frais ce matin.
Toutes les féminités, pour toujours !
Nylonement
Gentleman W.