Elle a pris un fauteuil, large, son préféré, une seviette de bain épaisse, sa robe d'été, elle s'est approchée de la fenêtre pour prendre le soleil.
Elle est en vacances chez elle. L'été a été chaotique, entre la pluie fine sur les vitres, les courants d'air chaud si soudainement, les jours un peu trop frais pour être de saison. Elle n'a pas de terrasse, encore moins de jardin , juste un petit appartement dans un vieil immeuble du centre-ville. Elle vit dans ces trois pièces, au milieu de ses meubles, les mêmes depuis des années. Ils sont chargés d'histoire, de toute une vie, de toute sa vie. Elle est entourée de photos, de son passé, de sa jeunesse, de son unique amour, de souvenirs, de la guerre, et du présent plus proche, de ses enfants et ses petits-enfants, nombreux, dans des familles en compositions diverses. Elle les voit tous les jours sur la commode, plus rarement au téléphone, parfois sur une carte, posée sur la table, elle est en vacances avec eux. Partir, lui plait encore, mais la fatigue, son corps ne supporte plus tout cela. Elle se sent comme une charge pour eux. L'air de la mer lui manque. Rimini, le ponton, les vagues, les souvenirs, son dernier congé.
Tout est calme dans cet arrière-cour, un bout de jardinet agrémenté de pelouse, un arbre que certains voulaient couper pour y poser des vélos. Elle a souri face à cette mode pas vraiment nouvelle pour circuler en ville, mais ronchonner fortement pour la belle plante. Avec des courrires à chacun, elle a exposé ses rêves, la plantation d'origine, alors que certains n'étaoent même pas né, son coin de verdure personnelle, sa symbiose avec ce végétal. Elle a eu le soutien de presque tous, elle le contemple. Elle se repose sur sa serviette, rafraîchie de son brumisateur.
Elle aperçoit sa voisine du 3e qui pose ses déchets dans le composteur, sous l'arbre justement. Elle apprécie son pantalon couleur corail, avec les revers remontés à mi-mollet, ses sandales couleur cuir naturel, et son chemisier violet. Une paire de lunettes dans les cheveux, la voilà partie vers sa boutique de mode, un peu plus loin dans la rue au-dessus. Elle observe, elle écoute la jeune voisine, étudiante sans doute, en robe tunique, en soie, légère, presque dénudée sur ses frêles épaules. Elle voit un beau ciel bleu, elle connaît chaque nuage.
Il y a un brin de vent, chaud, tiède, elle boit un verre d'eau avec sa rondelle de citron. Elle sourit, son été est calme, son quatre-ving-treizième été.
Nylonement
Photos et Copyrights by Ari Seth Cohen