Dehors les coups de vent, les grosses gouttes d'eau qui collent à la vitre, dégringolent.
Dedans, un canapé en velours gris, des coussins variés, de tant de formes que de couleurs, mon préféré au creux des reins, en satin prune. Je me réchauffe, dans un pyjama épais, peu glamour, mais si agréable sous mon étole de laine. Le réveil se fait doucement, par touches de thé noir, un mélange aux agrumes, une baguette fraîche ramenée par mon compagnon. Je savoure chaque seconde, ce calme intérieur, ce non-bruit extérieur, la ville dort encore.
Les magazines sont là, récents ou plus anciens, je feuillette les articles, de plus en plus courts comme si les cerveaux humains ne pouvaient plus se concentrer plus de quatre minutes sur un sujet. Pillules de troisième génération, vaccin contre le cancer du col de l'utérus, vie de couple, liberté des femmes, cosmétiques, crèmes ou poudres, quelques photos de la mode d'été alors que le froid souffle dehors, le monde va trop vite, et pourquoi d'ailleurs ?
J'entends la douche, le seul bruit ici derrière les notes de jazz, un vieux duo, Duke Ellington et Louis Armstrong, ils les adorent. Depuis la salle de bain, sous l'eau tiède il doit penser à eux, s'évader dans la trompette, avec le piano. Deux artistes réels, pas des produits nés du marketing, deux êtres libres, partageant leurs joies dans les mélodies.
Encore des mots, de belles photos qui compensent les floues, les trop contrastées et celles ou le mannequin vient d'enterrer toute l'équipe du magazine et le créateur de mode. J'en souris.
Ah, la tendance du moment, le fameux décryptage par la journaliste de mode, il faut rester avec les jambes nues, même en plein hiver pour être branché, in, dans le mouvement, peut-être totalement hype. Oui certes !
Mais je ne suis pas une adepte du pantalon, ma féminité existe avec des bottes et des jupes, quelques robes à cette saison. Je ne suis pas non plus une IT girl, avec un taxi à proximité, une jupe ras-le-bonbon, un pull défait, en quête de la même photo pour tous les magazines people. Encore moins, j'envisage de faire un red carpet, car les oscars se limitent aux voeux du maire, à quelques soirées entre amies, et un cinéma ou deux avec mon compagnon. Etrange idée de se geler les jambes, probablement un peu blanches car le soleil est déjà loin. Rien de tout cela pour moi.
Ah la mode, il faut la regarder, mais il faut s'habiller pour soi, pour le regard que l'on compose avec son corps, à tous les âges, avec nos formes. Moi, je préfère les bas, parfois quelques collants opaques, mais plus généralement de fins bas nylon, même si actuellement, d'ailleurs pour aujourd'hui ce seront des semi-opaques. Cela fait partie de moi, une liberté de mode, un art de vivre peut-être glamour quand j'y ajoute des jarretelles, mais une signature de ma féminité, de ma silhouette.
Il passe sec, parfumé, traverse le salon, m'embrasse, partage mon thé. Doux dimanche !
Nylonement