Je suis comme une jeune fille, j'ai déjà vécu cela et pourtant je marche avec les jambes un peu molles, peu assurée. Ce soir, c'est le dernier soir de mes vacances, je suis détendue, incroyablement sereine après ces deux semaines de vacances, oubliant totalement le boulot, le stress et les transports.
Quadra liberée de mes enfants, enfin j'ai pu prendre du temps pour moi, libre après des années de mariage, bébés, enfants, boulots et courses, vie sentimentale en zigzag, bref un grand classique, tout cela est derrière moi, je vis, je revis pleinement. Sans amoureux, sans contraintes, parfois sans chaleur dans le lit ou simplement pour un câlin, c'est un choix, un célibat heureux, partagé de ponctuations et de galipettes avec un "plus qu'ami". Je suis heureuse, un nouveau boulot bien installé depuis quelques années, le divorce digeré, je croque mes belles années de femme.
D'ailleurs je suis contente d'avoir décidé de courir, de marcher régulièrement chaque jour, chaque week-end pour perdre du poids, pour accompagner mon régime alimentaire de gourmande, mais pas trop. Ma silhouette a changé, sans balance, mais avec juste le plaisir de reprendre les jupes de la taille en dessous, de ne pas se mentir, de se sentir mieux, y compris dans le regard des autres, de celui de mes deux jeunes adultes. Mon bien-être est accessible, et plein de gourmandises, avec parfois quelques bulles de champagne. J'adore cela, c'est la fête, c'est l'amour, c'est une boisson charnelle à mes yeux, de l'or liquide qui pétille en soi, qui ravit les yeux, étincelle dans la nuit , accompagnée souvent d'amitiés.
Ma bouteille dans mon garnd sac à main, ma sourire aux lèvres, je vais retrouver mon beau mâle de vacances, un écrivain, un peu solitaire, un peu mélancolique, un brin perdu parfois, il passe ses journées assis ici et là, trouvant des mots, dessinant aussi parfois des silhouettes. Le soir, il boit du thé, et de la liqueur de framboises, sur son coin de terrasse, face à la mer, à côté du brouhahas de ce café, c'est là que l'on a sympathisé.
C'est là aussi que je l'ai embrassé, voilant son espace, forçant son écriture. Mon décolletté devenait indécent, il me souriait, je le voyais se perdre, glisser vers les émotions, notant des mots, puis devenu silencieux, il a avancé sa main vers moi. Quelques heures, devenues quelques journées ensemble, des discussions sans fin, un feeling, sans destinée, ce soir est notre dernier soir.
Je marche, mes sandales les plus élégantes aux pieds, ma tunique dans le vent, je l'aperçois, plié sur sa chaise, en plein effort, torse nu sous sa véranda, il rayonne sous la lampe. Il puise dans sa source de mots, il déverse sur le papier, parfois directement au clavier des impressions, des ressentis et comme souvent, il joue. Un exercice style chaque jour, un minimum.
D'ailleurs, ce ne sont que des mots.
Amour, tu t'envoles, suivant mes pas vers lui.
Nylonement