Dès que j'ai pu être assez grande, par la taille, par la malice, et puis avec le temps par l'âge, j'ai toujours adoré les chaussures, et donc je les empruntais à ma mère. Toute gamine, je posais mes petits pieds dans les ballerines, je glissais dedans, et je tentais de marcher "comme une grande". Avec une démarche de canard, avec la complicité de mon frère qui regardait derrière le coin de la porte du dressing.
Le jour le plus fabuleux, quand j'ai pu attraper une paire de haut-talons, j'ai pris du temps pour les chausser, définitivement avec dix tailles de trop, mes pieds écrasés au fond, et déjà une envie de princesse, en me tordant les chevilles, en soulevant une à une les beautés brillantes d'une teinte nude toute neuve. J'étais fière, devenant par ce geste une femme, une maman même.
Si j'ai essayé par la suite ses robes, maquillé mes poupées puis ma bouche avec un rouge à lèvres frot cher qui m'a valu une punition, j'ai atteint des sommets avec les chaussures.
Je me mettais avec elle quand elle s'habillait pour une soirée, pour sortir avec papa chez des amis, pour un restaurant et que nous restions avec la baby-sitter toujours différente, toujours accrochée à son i-machine. je regardais ma mère, le miroir, la salle de bain pendant qu'elle se maquillait, je montait sur leur lit pour zipper la robe, fière de cet acte héroique, elle était si belle dans ses robes, et j'aimais monter alors dans les escarpins, rire avec.
Elle rigolait aussi, me reprenant ses talons pour se glisser dedans, devenant une super maman.
Que c'était bon cette complicité, et finalement aussi ce passage de témoin entre la petite fille et la féminité d'une mère, le plus souvent en pantalon pour son travail, mais si élégante pour le week-end. Maquillage, eye-liner, poudre, deux nuages de parfums, un peu pour moi, humm je sentais bon, je sentais comme maman, j'étais grande.
Et les talons ont été un bonheur régulier, les premiers ont été négociés durant trois mois, vers treize ans, pour aller à un mariage, et j'ai fait la vaisselle, j'ai nourri le chat, surveillé les devoirs et les notes. Tout cela pour quatre centimètres de plus sous une robe en liberty blanc et bleu. Quel souvenir, d'ailleurs ais-je une photo ?
Puis ma première paie, étudiante, un petit boulot dans une boulangerie, et une paire d'escarpins vus chaque jour à ma pause, dix centimètres de convoitise derrière la vitrine. Toujours fermée en même temps que mon lieu de travail et ouvert en même temps. Impossible d'accéder au graal, et un jour, une demande de quelques minutes à la patronne, folle de chaussures, elle a ri. Et quand je suis revenu avec mon sac, avec des sandales noires, une belle cambrure, une pointe blanche, elle avait les yeux qui brillaient. Ce jour-là, elle m'a donné une double paie. J'ai demande pourquoi.
"J'étais aussi passionnée que toi quand j'étais jeune, mais j'ai mais cinq ans de plus que toi à acquérir mes premiers talons. Alors ce soir, profites, c'est un peu mon cadeau. Je connais cette émotion, cette sensation nouvelle."
Aujourd'hui, tous les jours j'aime varier de hauteurs, de couleurs, de formes, de modèles. J'assume avec beaucoup de complices et d'amies ma passion pour les chaussures, des petits macarons de cuir qui se dévorent pas après pas.
J'aime les chaussures, et vous ?
Nylonement
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