J'étais venu la voir, une vieille dame, une dame charmante que vous auriez aimer comme une grand-mère. J'attendais dans le hall, avec mon regard qui scrutait tous les angles libres, et derrière les colonnes de ce grand hôtel.
Où était-elle, cette fable ambulante, croisée par le hasard d'un courrier, d'une malle pleine de lettres, trouvées dans une brocante du nord de la France. Un homme sans âge, sans artifice, tenait le lieu, entre taudis et recels, entre hangar et antiquités, mais beaucoup de brocante, de choses et de machins sans formes, ni âge, il était le maître des lieux au milieu de son armée de bric et de broc. Armures de cheveux gris, il se souvenait l'avoir trouvé chez un notaire, dans une maison de notable, fortement abîmée, laissée quasiment à l'abandon. Une maison, où lui seul pouvait communier avec les marches branlantes de l'escalier, et lui seul d'ailleurs avait trouvé la clef du grenier "perdue depuis la mort de cet homme sans enfant, sans femme". Des détails qu'il rassemblait pour répondre à ma question "cette petite malle en bois et tissu, combien ?".
En elle, j'avais ouvert des dizaines de lettres, d'un autre siècle, d'une écriture de femme, avait l'espoir de ne rien trouver de plus. Comme la fois, où en achetant une carte postale sur un château du sauternais, j'avais récupéré une lettre d'une jeune amoureuse, à ses parents de province, s'inquiétant du curieux silence de son amoureux , parti à la grande guerre.
Un début de roman, avec un peu d'imagination, comme aujourd'hui, j'allais croisé enfin cette vieille femme, si jeune dans les courriers dispersés dans la malle. Mes recherches m'avaient amené à consulter le bottin, et retrouver une destinataire des lettres, pourquoi ?
Sûrement par curiosité, sûrement pour comprendre comment un bas nylon pouvait envelopper des lettres ? des messages d'une femme à une autre femme ?
Le début d'un roman ...
NYLONEMENT