Chronique d’une rue
Entre deux pluies, l’automne est là, et moi je suis assis dans un café, entre deux attentes. La maladie est un être immonde qui rampe en vous, se cache, joue avec votre moral et vos forces. Entre deux rendez-vous, des soins et un nouveau diagnostic, j’attends en regardant la rue.
Les feuilles mortes sont là avec leur saison, nombreuses et humides, collées à la chaussée. Les passantes flânent en prenant leur temps, en ce milieu de matinée, juste avant le rush du déjeuner. Si quelques gouttes complices du vent, tombent alors le pas s’accélère.
La quadra, maman sur le tard, avec le petit dernier, chouchouté de beau vêtements, et elle, élégante avec un pantalon slim blanc, une marinière, sous une étole beige, avec des ballerines blanc cassé. Elle accompagne la poussette, avec son sac besace caché en-dessous, avec un palmier du boulanger à la main. Pour elle ? Pour son fils ?
Une jeune fille, très jolie black aux cheveux courts, au visage rond, avec son tee-shirt avec un col en V géant, assez grand pour dégager une des épaules, sur une bretelle mutine d’un soutien-gorge violet. Quelques dentelles pointent le nez, juste avant le coup de main, pour replacer ce col trop large, mais qui l’embellit avec nonchalance. Un jean droit, des bottines noires lui donne une vraie allure.
Une senior, chic et prête pour des courses, avec son sac à main en cuir de marque, et un sac en toile très moche, marche d’un pas décidé vers le métro. Jupe sous le genou, collant marron avec des motifs en transparence, elle serre son sac, elle se regarde dans la vitrine, pour corriger ses cheveux mi-longs, entre blond platine et quelques reflets quasiment blancs, est ce le soleil qui trompe mes yeux ? Une veste ouverte sur un chemisier, classique mais de belle coupe, avec des précieux boutons nacrés.
Une autre jeune fille galope, des bottes grises, un collant noir opaque, une jupe mi-cuisses gris chiné, un top en satin dépassant d’un pull court gris foncé, et dans son mouvement rapide, une écharpe flotte. Je suis sûr qu’elle a un parfois gourmand.
Une nounou passe avec quatre enfants tous jeunes. Trois dans la poussette triple, un autre accroché sur le côté, pour suivre la marche du groupe, elle porte sa tenue pratique : un tregging noir, pour mouler ses jambes un peu rondes, des chaussures plates, simili-basket, une tunique de couleur bordeaux, une ceinture large avec des clous brillants pour marquer ses hanches. Une écharpe large pour s’emmitoufler, tout en tenant les petits.
Une sportive, un sac sous le bras, des baskets noirs, un survêt en velours noir, une démarche chaloupée, tranquille, et souriante, elle va se détendre. Ses cheveux auburn sont encore secs, et se secouent à son rythme. Un cours de danse peut-être ?
Trois étudiantes, en pleine rigolade, et une avec son téléphone à l’oreille, elles dévalent le trottoir. Une superbe brune avec une tunique en soie imprimé de blanc, de lignes vertes et quelques couleurs vives, joue de son sourire. Bien dans ces cuissardes en cuir vieilli noir, sur un collant opaque noir, elle rayonne. Les deux autres ont adopté la tenue camouflage de cette saison, un jean, des bottines noires sans forme, un pull un peu long, sans forme, et sans teinte qui attirerait mon œil. Mais l’une d’elles a déjà choisi une féminité conquérante, une longueur d’avance.
Ces Femmes dans la rue, me fascinent même si je croise leur passage quelques secondes, ma plume doit aller aussi vite que le ressenti, que leur expression tant du visage, que de leurs pas alertes. Une fascination comme un médicament, pour être quelques minutes ailleurs. Face à la rue.