Derniers jours de vacances, plus encore aujourd'hui et demain, deux jours pour conclure cette petite histoire de drague.
Quarante-huit heures de conclusion pour un été qui restera celui de mon adolescence, de mes premières libertés, celle de partir avec les copines, de louer une baraque avec pleins de chambre, de dormir à des heures impossibles, de revenir tard, de rester sur la plage à écouter la guitare. Justement à le regarder, lui, ses copains et copines, mes amies, ces groupes qui changent de taille suivant les invitations, suivant les soirées, suivant les nuits trop courtes ou les départs.
J'ai tant aimé sa voix, sa belle gueule et puis ensuite je l'ai vu avec cette blonde aux cheveux courts, une croqueuse un peu plus âgée que moi, j'ai laissé. Je me suis baigné, j'ai lu, j'ai mangé des tonnes de glaces, du melon à toute heure, des gourmandises pour moi.
Avec les copines, on a parlé, on a ri, on a soigné les plaies de coeur de certaines. Puis il y a des mecs dans la villa, ceux qui se lèvent délicatement pour partir après une nuit d'amour, ceux qui reviennent avec les croissants pour tout le monde.
On a papoté encore plus, des premières fois, des coups de foudre peut-être, des coups de coeur comme dans mon roman sur la plage. Une belle rousse, une robe longue, le soleil couchant, un jeune avec elle, leurs deux mains. Bref le truc pour jeunes filles, le roman rose et toujours plus girly. Je l'ai revu, aperçu, seul, avec sa guitare, où le soir derrière le bar, en plein service, je l'ai regardé un peu plus.
Orianne, ma super amie, m'a dit d'arrêter de l'user, son bronzage ne résisterait pas à mes lasers dans les yeux. On a explosé de rire, il est venu voir pourquoi dans l'ambiance musique, justement sur Robin Thicke. Elle a lancé "elle est amoureuse de vous, simplement !".
Et je suis restée, plantée comme un coeur qui rougissait plus que la planète Mars. Elle est partie en me glissant des mots à l'oreille, rien entendu.
Lui, il est passé de l'autre côté du bar, prétextant une pause, et il m'a embrassé.
Moi qui était venue pour oublier un peu ma vie pas très rose, entre des études et des petits boulots, un studio proche du minimalisme des schtroumpfs, une garde-robe très sobre, comme mon budget. Là, sur ses lèvres, avec son parfum, avec juste quelques mots, cette musique inoubliable, qui tourne en boucle dans ma tête.
Je suis là sur la plage, dans l'allée avec mon vélo, belle comme l'été, un peu perdue, ne sachant quoi lui dire pour demain, quand je partirai, quand on s'aimera encore, quand tout sera qu'un duo d'été. Je ne sais pas, devrais savoir ?
Juste le vivre, simplement.
Ce soir, avec lui.
Nylonement