Comment leur expliquer ?
Ces moments rares où l'on ne trouve les mots pour partager avec des amies, des proches et même dans son couple, des émotions que l'on a au fond de soi. Oui, un jour, j'ai croisé un magazine, une page au milieu des autres, très nombreuses, lues sur les genoux dans les transports, parfois dans le canapé, ou sur un coin de table avec mon thé, moment de détente. Là est apparu un coin de velours, une jeune femme qui expliquait son parcours, un bout de vie, un corset et son désir de se donner en spectacle.
Une première fois, un clic, deux clics, déclic sur le net, en fouinant au gré des google pages, burlesque sous toutes les coutures. Corsets, guêpières, lingerie fine, des mots encore grossiers, du moins mal définis dans mon esprit. Des indications, des histoires et des photos, des hésitations, mais surtout et toujours cette envie grandissante, là en moi. Une fan de latex, une fan de beauté sensuelle, quelques visites et lectures sur le site des burlesques girls déjà connues, un clin d'oeil discret, je n'ai pas osé lui laisser de commentaire, à MademoiselleChérie. Devenue complice de ses photos, de son envie.
Un premier jour dans une école, plutôt une franche camaraderie, une talentueuse meneuse, une jeune danseuse, devenue performeuse burlesque, par hasard. Un caractère affirmé, entre détente et cours intensifs pour maîtriser le corps, la souplesse et les exercices, mais aussi une harmonie pour parler avec la musique, avec soi, avec tout son corps, avec tout mon corps. Découvrir des muscles anodins, cachés hier et bien présent aujourd'hui avec des courbatures dans les angles. Ressortir fière et la tête encore plus haute, renfocer un moral qui existe maintenant en équilibre avec mes courbes. Ici toutes les femmes, nous sommes différentes tant par nos physiques que nos envies, et encore plus nos caractères. Effacée ou directe, ronde des hanches ou sans poitrine, complexée ou aveugle, grande, trop grande et déguindée, trop petite et oubliée, volontaire ou en pleine ascension, nous avons chaussé nos talons, franchi des étapes, quelques pleurs, des consolations, des nouvelles amies, de futures concurrentes peut-être. Mais tant de rires, de sourires, de compliments et surtout d'objectifs personnels. Je voulais rien, je voulais tout, entre le premier article lu et maintenant, je voulais me prouver mon plaisir d'être en phase avec mon corps, pas celui de danseuse parfaite, celui avec lequel je vis, je cours après mon bus.
Un premier corset, le plaisir nouveau de choisir une pièce de lingerie fine, une oeuvre complice avec la corsetière, avec elle, ses mesures, dans son atelier, je suis venue plusieurs fois pour voir nâitre mon corset. Parfait sur moi, une nouvelle féminité, un coin de paradis insoupçonné, nouveau, oppressant au début, mais une part de moi indispensable. Mes courbes sont devenues lignes, entre mes seins, sur mes hanches, à ma taille, le long des jarretelles, là, ces coutures verticales, je suis une performeuse. Au début juste pour moi, pour comprendre, me comprendre par l'image et par les ressentis, si forts, je progresse, je refuse de ne pas croire en moi, je suis dans l'envie de voir mes rêves en mode réel. J'ai choisi ma tenue, intégralement, en solitaire, et j'ai composé, les yeux ouverts dans mon lit, dans le noir, mon évolution sur scène. Je l'ai vu, je l'ai corrigé avec mes amies du burlesque. Franche rigolade, changements, musique.
Demain sera une première fois, je le montrerai à un public, je leur donnerai un peu de moi, je m'exhiberai, ce mot vulgaire pour les uns, sans esprit, ce mot paillettes pour les autres, ce plaisir pour moi. Danse, effort, rigueur, mais surtout sensualité, volupté et féminité, je suis.
Nylonement
Pour apprécier la scène burlesque :
Photos sur parisburlesquefestival.fr