Rendez-vous, déjà présent dans ce café, derrière la vitre, j'ai pris la place du chat, je regarde la rue, en tournant la cuillère dans mon chocolat crémeux. Habitude venue d'une précédente vie, ou pour préparer la suivante, je suis au chaud avec les rayons plus rares du soleil , mais qui passent ici près de moi, brillent sur la tasse, se reflètent aussi sur les premières feuilles jaunes de l'arbre.
Lentement, je me répète les termes des contrats à négocier lors de cette réunion, je prépare les coups d'avance, une partie d'échecs qui ne peut avoir que la réussite au final. Les mots en moi défilent, mes yeux captent le vide, pas uniquement. Troublante elle passe, elle cherche son chemin, s'arrête, hésite, consulte son application mobile. Par précaution, elle pose ses gants dans son sac, tape l'adresse, tourne pour se repérer à ce carrefour bruyant, avec des rues qui passent, traversent, tournent en tous sens.
Une pause peut-être elle regarde le ciel, bleu entre deux nuages crémeux, elle réajuste son trench fort court, sur ses jambes nues, peut-être un collant chair, j'hésite, j'aiguise mon oeil sans savoir. Fashionista, elle a succombé à cette mode qui revient depuis trois ans, sans réellement trouver son public, celle des chaussettes hautes. D'autant plus qu'elle a osé les escarpins fins, un chic parisien, sur ses jambes fines.
Elle téléphone, semblant attendre, je love mes pattes sous mon costume gris, je prends aussi la pose. Mon regard la mémorise en trois dimensions, ses lunettes, ses boucles blondes dans ses mouvements, ses épaules, son sac bleu, et sa légèreté sur les talons.
Finalement la mode, c'est simple, et seuls les femmes ont cette magie au quotidien.
Nylonement